Crash dans le Nord-Kivu
Les aéronefs sont-ils suivis par un signe indien dans l'espace aérien de l'Est de la République Démocratique du Congo ? La question mérite, en effet, d'être posée au regard des catastrophes aériennes à répétition enregistrées dans cette partie du pays non seulement depuis le début de cette année, mais surtout depuis celui de ce mois.
Avant-hier, mercredi 7 septembre, le pilote français Pourcet Francis succombait à la suite de ses blessures après l'explosion de son beechcraft en bout de piste la veille à l'aéroport international de Goma. Un jour avant, c'est l'Antonov 26 exploité par Galaxie qui échouait à 1500 mètres, dans la forêt, avant d'atterrir à l'aéroport d'Isiro dans la Province Orientale. Les commissions d'enquête mixtes composées des experts de la Régie des Voies Aériennes (RVA) et de la Direction de l'Aéronautique civile (DAC) et chargées de mener des investigations pour déterminer les causes réelles de ces deux crashs n'avaient pas encore quitté Kinshasa, à cause peut-être des tenteurs administratives, qu'un autre crash est signalé à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
De source digne de foi, proche des services aéronautiques, un avion de type Twin Ottr (DHC6) immatriculé 9Q-CBO appartenant à la compagnie TMK Air Commuter a crashé jeudi au quartier Bujovo-Biaiyi à Murambi à une vingtaine de mètres de la frontière congolo-rwandaise. Bilan : aucun mort sur les 18 passagers dont 17 adultes et un enfant mais quelques cas de blessures et de fractures. L'avion est complètement détruit même s'il n'a pas pris feu.
Selon des témoignages recueillis à l'aéroport de départ, l'avion a décollé de Goma à 8h13' avec à son bord 18 passagers et deux membres d'équipage dont le pilote Mitton Pay Pay et son copilote Mukendi. Deux minutes seulement après le décollage du DHC6 à destination de Butembo, le pilote a fait part à la tour de contrôle de Goma des ennuis au niveau des moteurs. Aussi a-t-il manifesté l'intention de faire un QRF, pour atterrir à l'aéroport de Gisenyi au Rwanda, qui lui était plus proche. Mais c'était sans compte avec le comportement de l'aéronef devenu \" rebelle \". Le pilote n'avait alors qu'un choix : un atterrissage forcé qu'il réussira dans la bananeraie de Murambi, non sans casse, mais il a sauvé les vies humaines.
Les causes réelles de cet autre crash seront déterminées par la Commission d'enquête mixte RVA-DAC. A moins que les autorités de ces deux institutions accordent le bénéfice d'urgence à ces missions, les trois premières n'étant pas encore exécutées. Toutefois, l'on n'écarte pas l'hypothèse d'une cause d'origine technique. Les experts aéronautiques qui soutiennent cette piste sont confortés par le fait qu'il n'y a que 72 heures le DHC6, 9Q-CBO de TMK venait de sortir d'un entretien. Ce vol serait-il le premier après l'entretien ? Y a-t-il des volets-tests, après l'entretien, à l'instar de ceux qui ont conduit à l'explosion, suivie de la mort du pilote français ? Le check était-il partiel ou total ? Ce sont les réponses à ces questions qui éclaireront les pistes des enquêteurs.
L'on craint désormais que la répétitivité de ces crashs n'affecte le transport aérien à l'est, particulièrement à Goma et partant les chiffres d'affaires des compagnies aériennes. Chez l'une des tribus de l'Est, l'on dit mieux \" vaux emprunter un long chemin pour être sûr d'arriver à destination \".
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