https://www.youtube.com/watch?v=1zZUGzU3P8UMardi 7 Mars 1978 dans la matinée...Nous sommes dans l'appartement de Claude François au 7ème étage du 46 Boulevard Exelmans... Paris 16°...
A la demande du chanteur via son entourage... un électricien vérifie l'installation électrique du lieu...
Le chanteur qui en est le propriétaire et y vit depuis 1964... a remarqué quelques imperfections à corriger...
Deux pièces ne peuvent être inspectées... la chambre et la salle de bain contigüe...
Claude dort encore et a demandé qu'on ne le réveille pas avant 13h00...
Un rendez-vous est pris... les deux dernières pièces seront inspectées le lundi 13 Mars dans la matinée...
Claude François ayant prévu de passer la nuit du dimanche 12 au lundi 13 au moulin de Dannemois...
Mercredi 8 Mars 1978 dans l'après-midi...Claude François quitte Paris pour Genève... très exactement pour Leysin... à l'Est du Lac Léman...
Il y sera pour y enregistrer un show qui sera diffusé sur la BBC... et présenté par Petula Clark...
Vendredi 10 Mars 1978 dans l'après-midi...Le show est dans la boîte... le chanteur n'a plus qu'à rentrer à Paris...
D'autant que le lendemain... il a une émission de télé à enregistrer aux " Buttes Chaumont " avec Michel Drucker...
Son entourage aimerait qu'il reste dormir à Genève et qu'il aille directement à l'enregistrement dès son arrivée...
Mais Claude François est le patron... il trouve que ce séjour n'a que trop duré... et souhaite dormir dans son lit...
Sachant qu'en plus... à partir de samedi soir... il attend une quinzaine de personnes dans sa propriété de l'Essonne...
Vers 19h00... il dîne à Montreux... l'ambiance est conviviale... alors on s'attarde un peu...
De temps en temps... quelqu'un lui dit qu'il serait bon de rejoindre l'aéroport de Cointrin où l'attend son avion...
Son avion et son pilote... Jean-Pierre Toucas...
Ca fait déjà 25 fois qu'il a fait la visite prévol... et que tout est OK... ne manque plus que les passagers...
Deux choses " inquiètent " Jean-Pierre Toucas... le brouillard qui arrive... mais pas que...
Il y a aussi cette restriction d'utilisation de l'aéroport...
A partir de 22h00... les avions d'affaires n'auront plus le droit de décoller... seuls les avions de ligne le pourront...
Il est 21h30... et toujours rien en vue...
Au début de sa carrière... Claude François utilisait plutôt les avions de ligne...
Mais comme il est toujours en retard... il en a raté plus d'un...
L'avantage avec les avions privés... c'est que forcément... comme ce soir... ils n'attendent que vous...
Pas de danger qu'ils ne partent sans vous...
Ce n'est pas la première fois que Jean-Pierre Toucas transporte Claude François...
Ils ont le même âge... Claude est né le 1 Février 1939... et Jean-Pierre le 24 Juin 1939...
Très vite... le pilote a remarqué que le chanteur n'était pas trop à l'aise en avion...
Les Piper et les Beech que Jean-Pierre pilote le sont généralement par un seul navigant... laissant la place droite vacante...
Plus d'une fois... Jean-Pierre a donc proposé à Claude de venir s'asseoir à l'avant avec lui...
Au fil des vols... Claude lui a posé des tas de questions sur le fonctionnement des avions...
Un jour qu'il faisait beau... Claude lui a même demandé s'il pouvait prendre les commandes pour voir...
Ce que Jean-Pierre s'est empressé d'accepter avec joie...
Ce soir à Genève... c'est un Beechcraft... un bimoteur... un King Air...
Si on était en 2018... Jean-Pierre aurait certainement reçu un coup de téléphone ou un sms...
Il aurait alors pu savoir à quelle heure aurait lieu le départ... ou se renseigner en téléphonant en premier
Mais là ... il ne sait rien... juste que le chanteur va arriver... mais quand...
Quelque part même pense-t-il que ce serait bien qu'il soit en retard...
Que rester bloquer à Genève lui ferait les pieds... et le mettrait face à ses " errances " ...
Vers 21h40... une voiture arrive... enfin...
On charge les valises Vuitton... les collaborateurs de Claude s'installent en cabine...
Claude s'installe au cockpit à droite de Jean-Pierre qui lance le démarrage des moteurs...
Il est 21h59 lorsque l'avion commence à rouler...
Le contrôleur n'a rien dit... c'est étrangement bon signe...
Peut-être que la réglementation ne s'applique qu'aux avions quittant le parking après 22h00... Ouf...
22h06... l'avion arrive au " point d'arrêt " et demande à s'aligner pour décoller...
"
!!! - Négatif - !!! " lui répond la TWR lui intimant l'ordre de retourner au parking...
il est plus de 22h00...Jean-Pierre au micro voudrait négocier... il indique l'identité de son " illustre " passager... mais rien à faire...
Alors Claude François prend le micro et défend sa cause face au contrôleur...
Sans doute surpris et déstabilisé d'entendre le chanteur lui parler
...
Peut-être " fan " lui-même qui sait... le contrôleur finit par autoriser le décollage...
Il est 22h10 lorsque Jean-Pierre pousse en avant les deux manettes de gaz...
Juste après le décollage... Jean-Pierre rentre le train...
Claude - tout sourire - regarde son pilote et son staff... il serre les points et fait des petits mouvements avec ses bras...
Comme un footballeur qui a marqué un but ou un tennisman qui vient de marquer un point décisif...
Jean-Pierre se dit que s'appeler Claude François permet bien des choses...
Ca me fait penser à la chanson de Michel Delpech... " Le chanteur " ...
" On me pardonnait tous mes écarts... quand j'étais chanteur... "
Il est 23h20 lorsque le Beech se pose au Bourget... et environ minuit lorsque Claude arrive à son appartement...
Samedi 11 Mars 1978Claude ne se couche pas tout de suite...
Il discute avec ses collaborateurs restés à Paris de ce qui à pu se passer en son absence...
Malgré les coups de téléphone passés dans la semaine...
Claude est aussi un chef d'entreprise...
En 2018... par Internet... il aurait pu suivre tout ça en direct... mais les communications de 1978...
Travailler avec Claude François n'est pas simple... il faut toujours adapter son emploi du temps au sien...
De jour comme de nuit...
Pour travailler avec lui... il faut l'aimer... beaucoup de ses collaborateurs sont aussi des " fans " ...
Les autres démissionnent car c'est difficile de suivre... et le patron perfectionniste peut s'avérer tyrannique...
Ensuite... Claude prend son dictaphone pour y faire des remarques sur le fonctionnement de sa " boîte " ...
Remarques qui seront autant de " notes de service " ...
Enfin... il s'isole dans sa chambre... s'allonge sur son lit pour y lire quelques lettres arrivées au " fan-club " ...
Dans l'entrée... il entend du bruit... c'est son habilleuse -
Sylvie Mathurin - qui décharge les valises de costume...
Et soudain... plus de bruit... Claude passe une tête par la porte pour voir...
Sylvie est assise dans une valise vide face aux penderies ouvertes...
Elle réfléchit aux tenues qu'il faut emporter pour l'enregistrement des " Rendez-vous du dimanche " cet après-midi...
Soudain... elle se sent regardée... elle se retourne...
Echange de sourires et de regards complices avec son patron... qui veulent dire... " A tout à l'heure " ...
Claude va se coucher... il est 03h00 du matin... Elle ne le reverra plus vivant...
Il a précisé à son entourage de ne pas le réveiller avant 13h00...
On connaît la suite... Lundi 13 Mars 1978A l'heure où l'électricien aurait dû vérifier les deux dernières pièces... il n'en est plus question...
La Police a embarqué l'applique murale de la salle de bain et la chambre est devenue chambre mortuaire...
Les thanatopracteurs ont œuvré pendant trois heures pour embaumer le corps du chanteur...
Il ne reste plus qu'Ã l'habiller...
La famille qui a toute confiance en l'habilleuse de Claude lui a laissé choisir sa dernière tenue...
Celle qu'il prendra pour son dernier voyage...
En regardant dans la penderie... elle a fini par choisir un costume en velours bleu marine et une chemise rose pâle...
Au moment de boutonner la chemise sur le corps du chanteur... Isabelle... la maman de ses deux fils...
... a glissé sur son torse... au niveau de son cœur... une photo de leur progéniture...
Seul bagage que le chanteur emportera dans sa tombe...
Mercredi 15 Mars 1978Après la sépulture à l'église d'Auteuil et l'inhumation au cimetière de Dannemois... l'émotion retombe un peu...
Quelques jours plus tard... Jean-Pierre Toucas reçoit une lettre de Suisse...
Elle émane de l'OFAC... la " DGAC helvète " ... qui lui reproche d'avoir décollé après 22h00...
Cet organisme lui inflige - même - un avertissement...
Sans doute qu'au bout de... trois... il n'aurait plus eu le droit de voler là -bas...
Cadeau posthume de Claude François à son pilote qui s'en serait bien passé... Jean-Pierre Toucas poursuivra une carrière de pilote de ligne...
# Avril 1966 / Lors d'une tournée en Afrique... il est invité au cockpit...
# 1972 / Avec Isabelle Forêt... la mère de ses enfants...
# Entre Paris et Londres... un shampoing à sec... en retard... il n'avait sans doute pas eu le temps de le faire chez lui...
Claude aurait passé 2000 heures de sa vie chez le coiffeur...
# 22 Juillet 1977 avec Kathalyn sa dernière fiancée à bord d'un Piper PA-31T Cheyenne... peut-être le F-BXSA...
# Avec ses fils - Claude Junior et Marc - sur l'aérodrome de Cannes-Mandelieu...
L'avion à " ailes hautes " ( Cessna )... c'est très pratique pour regarder à l'intérieur...
# Dans un Beech avec Kathalyn... et Jean-Pierre aux commandes...
Sans doute pas la veille de son décès... mais probablement avec le même avion...