Gaël, aujourd'hui, est une toute petite commune d'Ille et Vilaine, aux confins de la forêt de Brocéliance, mais dont l'histoire (que je m'abstiendrais de détailler ici) fût très riche. Elle fût cité des rois de Bretagne, et capitale du Royaume de Domnonée (un des royaumes de Bretagne). Puis, plus tard, elle fût démembrée en 14 paroisses qui deviendront autant de communes. C'est à Gaël, soit dit en passant, que se trouve toute l'histoire de ma famille, et personne ne savait rien de cet aérodrome. Bref.
Mais ce que beaucoup ignorent, c'est qu'à Gaël, au lieu-dit "Le Point Clos", en lisière de la forêt de Brocéliande, se trouve une friche, récemment signalée d'une stèle érigée par une association pour rapeller la mémoire du lieu dont il ne reste pratiquement rien.
A Point-Clos, se tenait l'aérodrome de Gaël, l'un des tout premiers ouverts en Bretagne, et le premier à fermer.
L'aérodrome est construit après la première guerre mondiale, à l'origine pour servir de base de retrait pour des patrouilles venant de Nantes, Tours, Villacoublay et de Limoges, mais quelques grands noms de l'aviation y firent escale, comme
Dieudonné Costes,
Joseph Le Brix et
Maurice Bellonte, d'où ils firent quelques essais, notamment pour préparer le vol transatlantique de Dieudoné Costes.
atterrissage de Dieudonné Coste et Maurice Bellonte à Gael en 1930L'aérodrome prospère, et participe à l'essor économique de la commune. Dès 1925, la 31ème escadre de bombardiers de Tours s'installe à Point-Clos, suivi de l'escadre d'observation de Chartres.
Durant la seconde guerre mondiale, l'aéroport est réquisitionné par les allemands, qui y créent une école de pilotage et de parachutisme pour leurs armées puis le commandemant décida d'en faire une base avancée et y plaça chasseurs et bombardier en vue d'attaquer les îles brittaniques.
Pour cette raison, l'aérodrome subit de très nombreuses attaques aériennes durant toute la guerre.
Bombardement en 1944 par une escadrille américaine de B17En 1944, peu après le débarquement, les allemands firent sauter le quasi-totalité des installation du site afin qu'elles ne puissent être utilisées par les alliées. C'était le début du déclin de l'aérodrome, mais les pistes restaient tout de même utilisables.
Dès le débarquement, la prise de Point-Clos était un objectif important, et une fois libéré, l'aéroport devint la première base aérienne de l'armée américaine en France. On raconte que jusqu'à 100 Mustang P51 y furent basés avant d'être déployés sur d'autres bases.
A la fin des hostilités, et suite à l'ouverture d'autres plateformes plus proches des villes et des infrastructures (Rennes, Brest, Lorient...), l'aérodrome de Point-Clos tomba petit à petit en désuétude. En 1955 il fût officiellement déclassé, et laissé à l'abandon, aux prises de la nature.
Les années - que dis-je - les décennies, ont laissé la nature reprendre ses droits. Les pistes et les parkings ont disparu, et ne restent que quelques ruines des dortoirs ainsi que des dépendances des hangars, elles aussi envahies par la végétations.
Point-Clos tomba dans l'oubli total jusqu'à ce qu'en 2002, une association décide de faire de grands travaux de recherche, de compilation, afin de mettre en valeur ce patrimoine oublié et pourtant si riche de l'histoire de notre commune. L'entrée du site est désormais matérialisée par un monument à la mémoire des morts aux combats, et rappelle que jusqu'a 650 pilotes et techniciens furent basés sur l'aérodrome à sa grande époque.
Citation:
A noter que la commune de Gaël, malgré la disparition de son camp d'aviation si atypique, reste toujours liée à l'aviation au 21ème siècle, et ce, de la plus noble des façons.
En effet, la commune de Gaël parraine depuis 1945 l'Escadron de Transport 60 de la base de Villacoublay, qui n'est autre que l'escadron présidentiel chargé des vols COTAM 001 a 099 de la République Française (vols présidentiels et autres).