Les Japonais se lancent dans la course.
“Un atterrissage à 37 cm près” : surprise, le géant japonais de l’automobile a posé une fusée comme SpaceX, mais sans en faire tout un cirqueAymeric Geoffre-Rouland
Le prototype de fusée réutilisable, développé en toute discrétion par Honda, s’est posé avec une précision de 37 cm après un vol de 56,6 s.
© HondaCe n’est ni un poisson d’avril en retard, ni une annonce en grande pompe. Honda vient de réussir le vol et, surtout, l’atterrissage de sa première fusée réutilisable dans le plus grand sérieux et presque en silence. Une avancée technique majeure portée par une vision industrielle qui ne se limite plus à la Terre.
À Taiki, petit coin reculé d’Hokkaidō, Honda vient de démontrer que l’espace n’est plus réservé aux géants du secteur, comme Blue Origin, SpaceX ou le chinois Space Epoch. Le constructeur japonais, plus connu pour ses Civic et moteurs VTEC, a lancé et posé un prototype de fusée réutilisable avec une précision chirurgicale. Un test court, mais ambitieux, qui place discrètement Honda dans la liste des futurs acteurs du spatial privé.
Honda réussit le test de sa fusée réutilisable : vol contrôlé, atterrissage au centimètreLe vol n’a duré que 56,6 s, mais il a suffi à Honda pour montrer qu’il maîtrise déjà l’essentiel : faire décoller un lanceur, le stabiliser en vol, puis le poser précisément à la verticale sur ses propres jambes. Ce démonstrateur expérimental, haut de 6,5 m pour un poids au décollage de 1270 kg, a atteint une altitude de 271 m avant de redescendre pour se poser à seulement 37 cm du point de contact prévu.
Grâce à ce test réussi, Honda a obtenu les comportements prévus pour le lancement et l’atterrissage de la fusée (atteignant une altitude de 271,4 m et se posant à 37 cm du point de contact visé pour une durée de vol de 56,6 s), tout en recueillant des données pendant la montée et la descente.Honda (communiqué de presse)Propulsée par un moteur-fusée à carburant liquide, cette fusée est un concentré des savoir-faire accumulés par Honda dans la robotique, le contrôle embarqué et les véhicules autonomes. L’entreprise précise s’appuyer sur des briques techniques issues de son département R&D automobile : algorithmes de stabilisation, capteurs inertiels, redondance logicielle… Autant d’éléments déjà éprouvés sur route, désormais transposés en vol vertical.
Le test s’est déroulé au centre spatial que Honda développe depuis plusieurs années à Taiki, en collaboration avec la JAXA, l’agence spatiale japonaise. Dédié aux expérimentations suborbitales, ce site devient peu à peu un mini-Cap Canaveral nippon.
Essai réalisé dans la ville de Taiki, à Hokkaidō au Japon (photo prise en mai 2025).
© HondaHonda reste encore discret sur la suite. La prochaine étape visée sera un vol suborbital d’ici 2029, c’est-à-dire franchir les 100 km d’altitude sans atteindre l’orbite. Cela permettrait de valider des technologies de rentrée atmosphérique et de guidage de haute précision, tout en explorant la possibilité de lancer à terme des micro-satellites.
Ce test représentait le premier essai de lancement et d’atterrissage mené par Honda, visant à démontrer des technologies clés indispensables à la réutilisation d’une fusée, comme la stabilité en vol à la montée et à la descente, ainsi que la capacité d’atterrissage. Communiqué de Honda R&D (17 juin 2025)Officiellement, la phase est encore “fondamentale”. Dans les faits, Honda est désormais le seul constructeur automobile à avoir conçu, testé et posé une fusée réutilisable. Une manière de rappeler que l’espace, demain, sera aussi une affaire de mobilité.
Bien que la recherche sur les fusées de Honda en soit encore à la phase fondamentale et qu’aucune décision n’ait été prise concernant la commercialisation de ces technologies, Honda poursuivra ses avancées avec pour objectif de développer une capacité technologique permettant un vol suborbital d’ici 2029.