Nouvelle crise sociale chez AIR TAHITI NUI , et fermeture de nombreux hotels en Polynésie :
http://hirofarepote.wordpress.com/Citation:
le drame d’Air Tahiti Nui et des sociétés à capitaux publics polynésiens
Le Pays n’a plus de marges de manoeuvre pour continuer à subventionner des sociétés à capitaux publics polynésiens qui ne veulent pas ou qui peinent à retrouver un équilibre d’exploitation. Et derrière le Pays, ce sont les contribuables polynésiens qui sont mis à contribution, alors qu’eux- mêmes sont obligés de se serrer la ceinture avec beaucoup de souffrances et de difficultés.
Air Tahiti Nui est encore sous les feux de l’actualité de ce point de vue : on apprend ainsi que deux syndicats de PNC de la compagnie “réclament” une subvention de 600 millions pour combler les pertes de la ligne de Papeete- Tokyo, ne veulent pas de remise en cause de “leur” 13 è mois et “décrètent” un abattement de salaires de tous les cadres sauf les leurs…. Sinon, ils menacent encore une fois de couler la compagnie par une grève générale dont on sait qu’elle pourrait être meurtrière.
Des diktats récurrents énoncés par des corporations syndicales qui ont fait croire qu’elles participaient au redressement nécessaire d’une compagnie qui s’est habituée à la perfusion de dizaines de milliards de F CFP engloutis depuis sa création. Un égoïsme catégoriel inadmissible qui défie de toute sa morgue l’intérêt général des polynésiens.
Comble du comble, chaque pilote se prend pour un stratège ou un manager avec l’argent des autres : les sacrifices sont pour les autres, mais surtout pas pour cette corporation de millionnaires mensuels en F CFP !
“Réclamer” une subvention pour une ligne déficitaire – le Japon – n’est clairement pas de la prérogative de ces corporations, à moins d’entériner la cogestion de cette compagnie par les syndicats….alors que ces derniers n’y ont pas mis un sou…. Dans toute compagnie, il incombe au management d’effectuer un équilibre d’exploitation global par la péréquation intelligente des lignes excédentaires et des lignes déficitaires. De plus, ces déficits et excédents peuvent être conjoncturels et changeant selon les années en fonction des performances touristiques variables de nos principaux marchés émetteurs. Ainsi, la ligne Papeete-Tokyo existe depuis 1998 et elle n’a pas toujours été déficitaire. Preuve de nos espoirs sur le marché japonais, il y avait même une ligne Papeete-Osaka, qui, depuis, a été fermée.
La stratégie commerciale de la compagnie doit donc s’articuler à la stratégie commerciale de nos hoteliers et les vendeurs de notre destination que sont les tours opérateurs et les agences de voyage…
Vient peut être l’heure de se poser la question de maintenir en survie une société pour laquelle le Pays a été obligé de porter sa participation à 85 % et qui ne veut pas se restructurer à l’exemple de toutes les compagnies aériennes des pays développés.
Ces corporations sont-elles à plaindre au plan des salaires et des “avantages annexes” ? Bien sûr que non, mais elles sont dans leur logique étroitement égoïste quel que soit l’environnement. Crise ou pas crise : pas touche à nos avantages !
Il suffit d’effectuer une analyse comparative de tous les ratios de structure et de gestion de compagnies comparables au plan international pour se rendre compte des dérives structurelles d’une compagnie qui n’a pas le souci d’une amélioration constante de ses performances pour un retour rapide à l’équilibre et aux profits.
Un déficit de 690 millions de F CFP en 2011 par rapport à 2010 dû en très grande partie à la rigidité des “charges fixes” dont la composante “salaires et avantages”est, de loin , la plus importante.
Un effritement du coefficient de remplissage en raison d’une faible remontée du flux de touristes ( + 6% par rapport à 2010 a vec 163.000 touristes comptabilisés), du réajustement à la baisse du dispositif de continuité territoriale et d’une réduction des déplacements extérieurs des polynésiens du fait de la crise ( -12%). En 2011, ATN a transporté 435.505 passagers ( + 1% par rapport à 2010). Les recettes totales “passagers” ont atteint 25 milliards de F CFP, soit une augmentation conséquente de 7, 6 % par rapport à 2010. Preuve qu’on ne peut plus “jouer” sur cette variable du prix du billet, déjà considéré comme très élevé.
Bien sûr, la hausse des coûts de carburant est toujours aussi pénalisante dans un contexte de hausse tendancielle des prix du pétrole, car ATN est une compagnie “longue distance” par nécessité objective du fait de l’éloignement des grands marchés émetteurs.
La masse salariale d’ATN représente 16 % des charges, soit 5,7 milliards de F CFP, pour un effectif de 774 personnes à fin 2011. La réduction minimale de 10 % des effectifs peine à se concrétiser face à l’inertie et au gain de temps recherché par les différentes organisations syndicales et collectifs représentés au sein de la société.
Heureusement que les actionnaires publics sont sortis de leur myopie et ont pris leur responsabilité en posant clairement des conditions de redressement et une feuille de route à suivre par la Direction d’ATN. Encore faut-il que celle-ci possède les qualités de management nécessaires pour piloter ce redressement vital.
Et cet article sur la chute du tourisme , entrainant la fermeture de nombreux hotels de luxe :
http://www.franceinter.fr/depeche-l-hot ... u-tourismeCitation:
APEETE, Polynésie (Reuters) - La Polynésie française, affectée par une baisse continue de la fréquentation touristique en raison du coût du voyage vers ces îles du Pacifique, voit ses hôtels fermer l'un après l'autre.
Dernier en date, le Sofitel Tahiti Maeva Beach Resort, implanté à Punaauia sur la côte Ouest de Tahiti, devrait fermer ses portes définitivement le 30 novembre, a annoncé Thierry de Jaham, directeur général du groupe Accor en Polynésie française.
Le Sofitel Tahiti, l'un des établissements les plus prestigieux de l'archipel depuis un peu plus de 40 ans, accuse des pertes cumulées d'environ 20 millions d'euros.
Cent cinq emplois devraient être supprimés, ainsi que des emplois indirects, le groupe Accor envisageant des reclassements dans ses autres hôtels de Polynésie qui ne sont pas menacés de fermeture: le Sofitel Ia Ora de Moorea et le Sofitel de Bora Bora.
De 250.000 par an il y a encore quelques années, le nombre de visiteurs est passé à environ 160.000 en 2011, soit le niveau de fréquentation des années 80.
L'hôtellerie polynésienne est menacée à terme d'extinction, estiment les spécialistes du secteur.
Le "Clud Med" de Moorea a été fermé il y a quelques années et celui de Bora Bora en 2009. Le Bora Bora Lagoon Resort a lui aussi fermé ses portes (septembre 2010), comme le Hilton Tahiti (mars 2010), le Mandarin (juin 2011) et le Royal Papeete encore récemment.
"LES PERTES SONT ABYSSALES"
Ne restent plus sur l'île de Tahiti que le Méridien, vendu en 2011 à un groupe samoan (Aggie Grey's), l'hôtel Manava, qui serait à vendre, l'hôtel Intercontinental (ex-Beachcomber), et deux petits hôtels de catégorie moyenne, le Tahiti Airport Hotel et l'Hôtel Tahiti Nui. Enfin demeure sur la côte Est l'Hôtel Radisson, qui se transforme petit à petit et bâtiment par bâtiment, en appartements.
"Les actionnaires remettent de l'argent au pot, mais ça ne durera pas longtemps, parce que les actionnaires ne sont quand même pas une multinationale", estime Joël Allain, un investisseur local très présent dans les hôtels des îles à travers la chaîne des "Pearl".
"Tous les hôtels devraient fermer si on était raisonnables. Les pertes sont abyssales. On ne peut pas tenir longtemps comme ça. Structurellement, il y a un vrai problème. On est dans une situation absolument dramatique", souligne-t-il.
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cet effondrement du tourisme à Tahiti et dans ses îles, deux prédominent: les grèves à répétition dans les compagnies aériennes, Air Tahiti et Air Tahiti Nui, et celles à l'aéroport, qui rendent la destination peu sûre pour les agents de voyage.
Mais aussi le coût prohibitif des billets d'avion, dont le prix a plus que doublé depuis que Air Tahiti Nui, compagnie internationale voulue par Gaston Flosse, exerce un quasi monopole des tarifs, en code-share avec Air France.
"FOU FURIEUX"
Pour Franck Guillot, président de la Fédération de l'hôtellerie indépendante, "ce n'est que le début" de la fin.
"Actuellement, on est hors marché. Notre billet international est trop cher et notre billet inter-îles est trop cher (...). Dans le monde, pour venir en Polynésie, il faut être fou furieux", juge-t-il. "J'ai des clients qui m'ont avoué avoir payé 8.700 euros de billets d'avion pour trois personnes".
"C'est toute l'hôtellerie internationale qui va être touchée chez nous, c'est inéluctable. Les responsables, ce ne sont pas les acteurs du tourisme, ce sont les politiques (...) ils n'ont pas d'idées, ils sont incompétents. La vraie responsabilité, ce sont ces gens-là", lance-t-il.
Le 17 juillet dernier, les trois co-présidents du Conseil des professionnels de l'hôtellerie, Jean-Marc Mocellin (Intercontinental), Thierry de Jaham (Accor Sofitel) et Nicolas Gautier, ainsi que le président de l'Union polynésienne de l'hôtellerie, Christophe Beaumont, avaient adressé un long courrier au président Oscar Temaru, courrier resté sans réponse.
Dans cette lettre, ils notaient que depuis six ans, "la destination a connu une baisse de plus de 77.600 touristes".
"Le nombre de nuitées vendues dans l'hôtellerie internationale a chuté de 25,04% et le prix moyen par chambre occupée a chuté de 11,4 %sur l'île de Tahiti", écrivent-ils.
Parallèlement à ces problèmes, les professionnels dénoncent "une avalanche d'augmentations de prix et de taxes".
Dès février 2010, le promoteur immobilier Thierry Barbion, propriétaire du Radisson, déclarait: "Tout le monde est vendeur, tous les hôtels de l'île perdent de l'argent, en moyenne 1,8 à 2,1 millions d'euros par an".
Edité par Sophie Louet
11 août 2012 à 10:13