Longuet : la production du Rafale arrêtée si Dassault n'en vend pas à l'étrangerGérard Longuet a affirmé mercredi que "si Dassault ne vend pas de Rafale à l'étranger", la chaîne de production de l'avion de combat s'arrêterait. Mais pas avant 2030, a complété peu après le ministre de la Défense.
Le Rafale de Dassault, dont l'armée de l'air française est jusqu'à présent le seul client, a accumulé les échecs à l'étranger. Dernier en date : la Suisse lui a préféré le Gripen du suédois Saab, et les Emirats arabes unis ont jugé l'offre de Dassault "non compétitive et irréalisable". Mercredi, Gérard Longuet a fait tomber le couperet. Lors de "Questions d'Info" LCP/France Info/Le Monde/AFP, le ministre de la Défense a déclaré que "si Dassault ne vend pas son appareil à l'étranger, la chaîne sera arrêtée et les appareils seront naturellement entretenus". Il a précisé que cela se produirait une fois que l'armée française aurait eu livraison de tous les appareils commandés, ajoutant que "l'étalement était jusqu'en 2018 au moins".
Ensuite, "ce sera fini pour le constructeur, pas pour l'utilisateur", a-t-il dit. Pour "un appareil quel qu'il soit, l'achat représente un tiers et la vie représente les deux tiers. Donc pour l'industrie aéronautique et pour les responsabilités de l'armée de l'air, il faut savoir que pour un Rafale, sur sa durée de vie d'une quarantaine d'années, on paiera deux fois le prix. Donc, l'industrie sera servie", a-t-il fait valoir.
Questionné sur les raisons pour lesquelles Dassault ne parvenait pas à vendre le Rafale à l'étranger, le ministre a souligné que cet appareil était "plus cher que l'avion américain (qui est) amorti sur des séries beaucoup plus longues". "Lorsque nous, nous commandons 200 Rafale en dix ou quinze ans pour un programme, les Américains font 3.000 appareils", a dit le ministre. "En revanche, a-t-il poursuivi, pour les missions de haute gamme à forte valeur militaire, le Rafale est incontestablement bien placé".
"Les émirats négocient durement"
Interrogé sur les possibilités actuelles pour Dassault de vendre le Rafale à l'étranger, Gérard Longuet a rappelé que l'appareil était "finaliste avec l'Eurofighter" en Inde, en soulignant que Dassault "équipait l'armée indienne depuis 1950", ce qui est "une certaine longévité". "Nous avons les Emirats qui négocient durement", a-t-il ajouté. L'avion reste en lice face à l'Eurofighter (BAE Systems, Finmeccanica, EADS) pour un appel d'offres de 126 appareils et 8 milliards de dollars lancé par l'Inde, qui devrait se décider vers la mi-décembre.
Le ministre de la Défense a complété mercredi ses propos en précisant que "si Dassault ne vend pas de Rafale à l'étranger (...), la production, destinée à l'Armée française, ne s'arrêtera pas avant l'horizon de 2030". "Les livraisons aux armées se poursuivront, très substantiellement, au delà de 2020. Parallèlement, l'avion fera l'objet d'évolutions entre 2020 et 2030", a ajouté le ministre, auprès de l'AFP.