Douglas Robert Stuart
Bader, DFC, DSO.
Ses faits d'armes et son vécu atypique ont été rapportés plusieurs fois, mais puisqu'il y a maintenant un sujet dédié aux as...
20 victoires homologuées, 4 victoires en collaboration, 6 victoires probables,1 victoire probable en collaboration,11 avions ennemis endommagés.
En 1927, il décide de faire carrière dans la RAF et intègre l'école de l'air de Cranwell en septembre 1928. Après avoir été diplômé en 1930, Douglas Bader est affecté au 23 Sqn sur l'aérodrome de Kenley, qui est alors équipé de biplans Gloster "Gamecock". Peu après, ils sont rééquipés de Bristol "Bulldog" plus rapides, mais moins maniables.
Le 14 décembre 1931, lors d'une une démonstration de vol et de voltige acrobatique sur Bulldog, il déclenche un tonneau trop bas et trop lent. Lorsqu'il veut se rétablir, son aile gauche accroche le sol et il se crashe. Les deux jambes de Douglas Bader sont écrasées, la gauche sous son siège et le pied droit sous le palonnier. Transporté à l'hôpital royal de Berkshire, il est amputé de la jambe droite au-dessus du genou et, quelques jours plus tard, de la jambe gauche 15 centimètres en dessous du genou. Son état empire et on le considère comme perdu. Contre toute attente, il survit.
En 1932, après une longue et douloureuse convalescence pendant laquelle il devient dépendant de la morphine, il est transféré à l'hôpital de la RAF à Uxbridge. Là , il se lie avec les frères Dessoutter. Marcel Dessoutter ancien ingénieur aéronautique avait lui aussi perdu une jambe dans un accident d'avion, à la suite duquel il avait créé une société fabriquant des prothèses de jambes en aluminium, grande première à l'époque. Bader est le premier client nécessitant une prothèse pour chaque jambe. Malgré tous les désagréments physiques et sans jamais ménager ses efforts, Bader s'attèle à la lourde tâche de se reconstruire physiquement et mentalement.
Son but est de remarcher sans cannes, et il l'atteint. Il reconduit une voiture, modifiée bien sûr, se met au golf, et invite des jeunes filles à danser. En juin 1932, il effectue un vol dans un Avro 504 d'entrainement, durant lequel il pilote parfaitement. Une visite médicale le déclare apte pour des activités restreintes de vol. Mais peu après, en avril 1933, il est informé qu'il est définitivement retiré du service actif. Quelques semaines plus tard, il quitte la RAF avec une pension d'invalidité totale. Pendant les six années qui suivent, Douglas Bader travaille dans un bureau pour l'Asiatic Petroleum Company, qui sera plus connue ultérieurement sous le nom de Shell. Malgré sa nouvelle vie, il ne pense qu'a voler.
Avec le début de la guerre, il fait jouer ses relations au sein du ministère de l'air et obtient sa réintégration dans la RAF. Le 27 novembre 1939, huit ans après son accident, Bader se retrouve à nouveau en solo aux commandes de l'avion Avro Tudor K-324.
Très vite, Bader se retrouve à bord d'un Fairey "Battle", bombardier de jour monomoteur, puis d'un Miles "Master", dernière étape pour un pilote de la RAF avant les "Spitfire" et "Hurricane". En février 1940, Bader rejoint le 19 Sqn à Duxford. Il est, à 29 ans, considérablement plus âgé que tous les autres pilotes. Deux mois plus tard, il est nommé Flight Commander au 222 Sqn, une autre escadrille de Duxford, qui était en train de remplacer ses vieux "Blenheim" par des "Spitfire".
Juste avant sa prise de commandement, il tente de faire décoller son "Spitfire" avec l'hélice réglée sur grand pas et s'écrase au décollage. Le seul élément trivial dans ce crash est que, s'il n'avait déjà été amputé, il aurait perdu ses jambes dans l'accident. Là , on redresse les prothèses tordues... Heureusement pour lui, le ministre de l'air, Trafford Leigh-Mallory, considère que la leçon a porté et que la faute ne se reproduira jamais et le confirme donc dans son commandement.
En juin 1940, Bader est envoyé, avec le 222 Sqn couvrir la retraite de Dunkerque. C'est au cours d'une de ces sorties que Bader, le 1er juin, remporte sa première victoire aérienne contre un Messerschmitt Bf-109 au-dessus de Dunkerque.
Fin juin 1940, après l'évacuation de Dunkerque, il est nommé commandant du 242 Sqn sur Hawker "Hurricane". La bataille d'Angleterre commence. Le 11 juillet, il renoue avec la victoire. Au cours du mois de septembre, il accumule les victoires.
En mars 1941, il quitte le 242 Sqn et devient "Wing commander" de l'aérodrome de Tangmere, prenant sous son commandement trois escadrilles de Spitfire, les 145, 610 et 666 Sqn, ainsi qu'une escadrille de Beaufighter. C'est pendant ce commandement qu'il met au point la formation en "4 doigts" qui sera ensuite utilisée par toutes les forces aériennes du monde, pour faire voler ensemble une patrouille de 4 avions. En juin et juillet 1941, il accumule les victoires et devient l'un des meilleurs pilotes de la RAF. Sa réputation ne cesse de grandir, y compris chez l'ennemi.
Le 9 août 1941, après avoir remporté deux nouvelles victoires aériennes, il percute en vol un Messerschmitt Bf-109 et est obligé de sauter en parachute. Alors qu'il abandonne l'avion, il perd ses prothèses. Prisonnier, il est envoyé dans un hôpital près de Saint-Omer. C'est alors qu'est organisée par les Britanniques et les Allemands, une des opérations les plus incroyables de la WW2. Il se mettent d'accord pour laisser le passage libre à un avion afin qu'il parachute de nouvelles prothèses pour Bader. L'opération est un succès et Bader reçoit ses nouvelles jambes.
Très vite, il fait une première tentative d'évasion. Envoyé de camp en camp et d'évasion en évasion, il se retrouve dans la célèbre forteresse de Colditz, où les Allemands, lassés mais admiratifs de cet officier hors du commun, lui confisquent finalement ses prothèses, après qu'il ait refusé de promettre de ne plus s'évader.
Au printemps 1945 dès sa libération par les alliés qui viennent de prendre Colditz, il se précipite à Paris pour demander un "Spitfire" et retourner se battre. Mais la permission lui est refusée.
Il est promu "Group Captain" et prend en charge l'école de commandement des chasseurs à Tangmere, puis est nommé commandant du secteur Essex avec le 11e Groupe de North Weald. Le 15 septembre 1945, il mène personnellement le défilé aérien de la victoire, comprenant 300 avions, au-dessus de Londres.
Il décède le le 5 septembre 1982, après un diner pour les 90 ans du marshall de l'air Sir Arthur "Bomber" Harris, d'une crise cardiaque, à l'âge de 72 ans.