Jacques Remlinger -
Jacques Remlinger est né en 1923 à Paris dans une famille d’origine alsacienne « française à 1 000 % ».
Self made man industriel dans le textile, son père émigre en Angleterre avec son épouse et son fils Jacques, âgé de trois ans.
Jacques Remlinger grandit près de Londres dans le culte d’une France idéalisée et invincible.
Il envisage d’entrer à Oxford pour devenir avocat international trilingue.
C’est alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale.
Le père de Jacques Remlinger accueille des soldats français de Narvik qui estiment la guerre terminée et songent à rentrer en France, auprès de leurs familles.
Mais après la défaite de 1940, « la France était déshonorée. Il fallait faire quelque chose » enchaîne-t-il avec simplicité.
Son père choisit la France Libre et servira surtout en Afrique du Nord.
Et c’est un jeune homme de 18 ans qui se rend au Q.G. du général de Gaulle, à Carlton Gardens, pour s’engager dans la Marine française.
« Je venais pour sauver la France. Les bureaux étaient fermés. C’était un 15 août. Même en temps de guerre, ces messieurs du Q.G. prenaient des vacances. Ça ne faisait pas très sérieux », conclut Jacques Remlinger ironiquement de sa voix douce, qui se raffermit parfois pour mieux convaincre.
Il rentre chez lui furieux de voir les bureaux fermés le jour où il vient « sauver la France ».
Dès le lendemain, c’est par hasard qu’il s’enrôle dans l’aviation, la chasse.
« Je ne savais pas si je serais un bon pilote, du moins je n’aurais pas la responsabilité de l’équipage d’un bombardier » explique-t-il modestement.
Pendant un an, Jacques Remlinger suit donc des périodes d’instruction, d’entraînement et de navigation d’environ trois mois chacune dans la R.A.F. à Camberley, Scarborough et Northampton.
Et ne manque pas un instant de manifester un sens de l’humour naturel. Ainsi, quelques semaines après son engagement, le général de Gaulle, en présence de la presse, demande aux nouveaux engagés du camp Français Libre de Camberley comment ils sont parvenus à rejoindre l’Angleterre.
Tous ont accompli des exploits. Certains se sont évadés de camps d’internement français et ont franchi au prix de mille périls les Pyrénées pour atteindre l’Espagne, puis l’Angleterre. D’autres ont « emprunté » à Caen un avion pour survoler sans expérience la Manche.
Le chef de la France Libre les félicite et les encourage : « C’est bien. C’est comme ça qu’on va gagner la guerre ».
Quand arrive son tour, Jacques indique qu’il a rejoint les Forces Françaises Libres « par le métro ».
Cette réponse atypique, simple et naturelle déconcerte quelque peu l’auteur de l’appel du 18 juin 1940.
C’est sur de « vieux coucous, des biplans monomoteurs Tiger Moth en toile, aux cockpits ouverts, à 100-120 kms/h », qu’il apprend à voler.
« En plein hiver, c’est assez glacial. L’instructeur était assis sur le siège avant. Quand on se posait, il nous fallait dix minutes pour dégeler les joues et pouvoir parler. Le seul avantage, c’est qu’il en fallait autant à notre instructeur avant de nous parler. Alors, pendant ce temps, il devenait plus doux, il avait perdu la moitié de son venin car il avait l’habitude de nous réprimander comme de la pourriture ».
Au demeurant gentils, les instructeurs sont frustrés de ne pas pouvoir se battre et font sentir à chaque jeune aviateur qu’il ne vaut rien. Ils sont aussi conscients des risques encourus par une formation indulgente ou lacunaire.
C’est au cours de l’hiver 1942, au Pays de Galles, qu’il vole pour la première fois dans un Spitfire (MK I et MK II), « un bolide, un pur-sang, sans la main d’un instructeur pour rassurer pendant la première heure ». Un monoplace auquel il sera fidèle pendant toute la guerre.
Alors que ses camarades vont en Ecosse rejoindre le groupeAlsace, Jacques Remlinger est affecté à un groupe de chasse anglo-saxon, à Perranforth, car il ne maîtrise pas le français.
C’est en tant que no 4 que Jacques Remlinger effectue, au sein du prestigieux groupe anglais de chasse 602 (City of Glasgow), ses premières missions d’escorte de bombardiers, de la Cornouaille à la Bretagne.
Pour être repéré le plus tard possible par la D.C.A, il préfère voler en rase-mottes, à 3-4 mètres du sol, notamment pour atteindre la base sous-marines de Brest, soit 150 km à l’aller et autant au retour.C’est un périple long pour des vieux Spitfires VB et VC. « Heureusement qu’il y avait les moteurs Rolls Royce ! », commente-t-il reconnaissant.
C’est contre son gré que ce Français déjà expérimenté rejoint d’office, au printemps 1943, le groupe de chasse 341 (Alsace), un groupe français cependant «anglicisé» qui succède au groupe Ile-de-France décimé.
A Biggin Hill, Jacques Remlinger pilote son Spitfire préféré, le IX B, la quintessence des qualités de ce chasseur.
Malgré ses trois mois d’opérations, mais non officier, il doit encore voler en n°4 - alors qu’il aurait pu être no3 -, équipier de pilotes souvent moins expérimentés, mais officiers.
Là , il se lie d’amitié avec des pilotes admirés : ses chefs, le commandant
René Mouchotte, réservé et très bon pilote, le capitaine
Christian Martell, très grand, calme, au sens de l’humour très british, et ses coéquipiers
Henri de Bordas au comportement si anglais, et surtout son meilleur ami,
Pierre Clostermann.
« Avec Pierre, on faisait notre petite guerre à nous lors d’opérations de chasse libre. Entre-temps, on exécutait des missions », ironise-t-il.
Ce n'est pas un "As" à proprement parlé. Il n'a pas de palmarès prestigieux. Il était même plutôt très humble à propos de deux appareils abattus mais non homologués.
Il racontera, en 1999, à un passionné d'histoire de l'aviation, lors d'une réunion:
"A la lecture des différents ouvrages de Pierre Closterman, on peut voir que son palmarès n'est pas resté vierge, exemple le Me 109 aux Orcades, un FW 190 lors de la mission "forteresses et roulements à bille.
Pierre témoigne que Jacques, à plusieurs reprises, lui a sauvé la mise en descendant un agresseur.
Je l'ai rencontré en 1999 à Megêve. La question lui ayant été posée, à savoir combien d'ennemis il avait descendu, il a répondu : zéro.
Au cours d'une petite conversation avec lui, je l'ai un peu pressé, il m'a dit n'avoir jamais voulu demander d'homologation."Cet excellent pilote n'a peut être descendu "que" 2 avions, mais c'était un grand spécialiste du "strafing", sport très dangereux à cause de la Flak et peu apprécié des pilotes de chasse.
En blessant grièvement Rommel en juillet 44, il a probablement sauvé beaucoup de vies du coté allié, et ça n'a pas de prix:
Excellent tireur air-sol, Jacques Remlinger fut l'un des deux pilotes du Squadron 602 "City of Glasgow", avec le Néo-Zélandais Bruce Oliver, qui, le 17 juillet 1944, mitraillèrent la voiture du maréchal Erwin Rommel près de Sainte-Foy en Normandie, tuant le chauffeur et un motard de l'escorte, blessant grièvement le maréchal Rommel (il décédera le 14 octobre 1944 dans des circonstances pas totalement éclaircies (Suite à ses blessures ou contraint au suicide ?), et plus légèrement son aide de camp, le major Lang.
Quelques jours plus tard, Jacques Remlinger sera décoré de la Distinguished Flying Cross.
Mais ce n'est qu'en 1990 qu'il en apprendra la raison, Ã l'ouverture des archives de la RAF.
Mis au repos en septembre 1944, il reviendra au combat en avril 1945 avec le Squadron 349 / Ile de France.
Outre ses succès en combat aérien, Jacques Remlinger aura détruit 18 camions et endommagé 18 autres, 3 voitures de commandement détruites et 2 endommagées, 1 Wagon endommagé, 7 motos détruites, 1 char détruit et 1 endommagé, 5 voitures blindées détruites et 1 endommagée. 1 Bateau de 10 000 tonnes détruit le 18 mars 1943 (alors au Sq 341), 1 tour de contrôle en feu (15/12/43) et 1 position de Flak endommagée (15/12/43)
Grand sportif, Jacques Remlinger est le seul Français à avoir joué en équipe d'Angleterre de rugby : en 1945, il participa au match opposant l'équipe de France, emmenée par Jacques Chaban-Delmas, à l'équipe d'Angleterre, et marqua les deux essais de la vistoire pour le compte de cette dernière.
Après la guerre, Jacques Remlinger est resté en Angleterre et a épousé une Anglaise. L'un de ses fils sera pilote de chasse dans la RAF.
Jacques Remlinger est décédé en 2003.
Source à visiter pour plus de détails :
http://www.veroniquechemla.info/2012/07 ... te-de.html