Les secrets du rebond d'Airbus HelicoptersLe groupe a vu ses livraisons augmenter de 6% en 2016, après trois ans de baisse. Les hélicoptères légers et le militaire ont compensé la crise de la famille Super Puma.
C'est un rebond timide, mais un rebond quand même.
Airbus Helicopters a présenté vendredi 27 janvier des résultats commerciaux en légère amélioration par rapport à 2015. Après trois années de baisse, comme annoncé par Challenges, les livraisons sont reparties à la hausse (418 contre 395). Les commandes brutes ont aussi légèrement augmenté, de 383 à 388 commandes. Surtout, dans un marché en crise aiguë (-13%), le groupe européen a su défendre ses positions: il reste leader mondial du secteur civil et parapublic (police, médical, sécurité civile), avec 47% de part de marché, loin devant l'italien Leonardo (21%) et les américains Bell et Sikorsky (respectivement 18% et 5%). "C'est la preuve de notre résilience et une conséquence de notre plan de transformation lancé il y a trois ans", assure Guillaume Faury, patron du groupe.
Contrats militaires au Koweït et à Singapour
Pourquoi cette résistance? Malgré le pataquès polonais, marqué par l’annulation d’un accord pour 50 Caracal, Airbus Helicopters a réussi à décrocher des contrats militaires qui ont compensé la morosité du segment civil. Le groupe a ainsi vendu 30 hélicoptères lourds Caracal au Koweït, une commande en voie de finalisation qui n'est pas encore intégrée dans les chiffres. Airbus a aussi frappé un grand coup en plaçant ce même Caracal à Singapour (entre 12 et 16 appareils selon les sources). La Serbie a également commandé 9 bimoteurs légers H145M. Résultat: le groupe a réalisé 57% de son activité 2016 sur le segment militaire. "Il y a d’autres opportunités de commandes militaires à court terme", indique Guillaume Faury.
Côté civil, c’est bien plus compliqué. "2016 a été l’année la plus difficile pour l’industrie des hélicoptères depuis 2008, avec des prises de commandes en baisse de 13% par rapport à 2015", résume le patron d’Airbus Helicopters. Ce sont les hélicoptères légers qui ont permis de sauver les meubles avec 188 commandes de la famille Ecureuil, 83 de H135, et 80 de H145. Sur le segment medium, la situation est plus ardue. Le nouveau H175, avec 8 commandes seulement en 2016, souffre du fait qu’il est actuellement calibré pour le marché Oil & Gas. Une version VIP est désormais prête, et une version SAR (Search and Rescue) est en cours de développement pour relancer les ventes. Le Dauphin, en fin de vie, n’a affiché que 6 commandes, en attendant le futur H160, hélicoptère futuriste qui doit entrer en service en 2018.
Double crise pour le Super Puma
Côté hélicoptères lourds, la gamme Super Puma – H225 reste empêtrée dans une double crise. Crise commerciale, d’abord, avec l’effondrement du marché Oil & Gas (desserte de plateformes pétrolières), un des principaux marchés du Super Puma. Crise de confiance, ensuite, après l’accident d’un Super Puma en Norvège en avril 2016, qui avait fait 13 morts. Si l’Agence européenne de la sécurité aérienne a levé l’interdiction de vol du Super Puma fin 2016 en octobre dernier, les autorités nationales britannique et norvégienne ont maintenu leur interdiction en attendant le résultat définitif de l’enquête norvégienne.
Pas de quoi ébranler la foi de Guillaume Faury dans le Super Puma. "L’accident d’avril dernier a été un choc pour l’industrie, pour nous, pour moi. Mais je crois fermement au futur de la famille H225, qui affiche des performances extraordinaires et est calibrée pour les clients les plus exigeants. Cette gamme volera encore dans les années 2030." Le PDG d’Airbus Helicopters souligne ainsi que 80 à 90% de la flotte de Super Puma et H225 militaires (Caracal, ou H225M) vole, 50% des Super Puma civils hors Oil & Gas et 10% de la flotte Oil & Gas (notamment en Chine et au Vietnam). "Nous avons un nombre important de prospects", assure Guillaume Faury, qui indique ne pas vouloir avancer plus vite sur le remplaçant du Super Puma, nom de code X6, actuellement dans sa phase de conception.
Regonfler le carnet de commandes
Pour 2017, le PDG d’Airbus Helicopters n’attend pas de reprise rapide. Malgré la remontée du cours du pétrole, le marché Oil & Gas ne devrait pas repartir tout de suite, en raison de fortes surcapacités en hélicoptères. Mais l’objectif d’Airbus Helicopters est de rester aux alentours de 400 livraisons, et d’afficher un ratio book to bill supérieur à un, c’est-à -dire d’afficher plus de commandes que de livraisons. Ce qui permettrait de regonfler un peu le carnet de commandes, passé de 1.076 appareils en 2011 à 766 en 2016.
Source: challenges.fr