La réduction des gaz après décollage, et cette impression que l'avion s'arrête lors de cette réduction...
Vous m'en voulez si on cause technique?
Lors d'un décollage, on utilise rarement la pleine poussée d'un réacteur. En effet, cette pleine poussée "use" le réacteur, et en plus, le risque de casse au décollage est forcément plus élevé sur un réacteur poussé à fond que sur un réacteur utilisé avec une puissance réduite. (pour faire branché, plutôt que "puissance" réduite, dites "poussée" réduite…)
Donc, si la piste est longue, qu'elle n'est pas "contaminée" (présence de neige ou grosse épaisseur d'eau), on va réduire la poussée du réacteur en lui "mentant". C'est pour cela que les pilotes ne sont pas fréquentables: comment voulez-vous croire un gus qui passe sa vie à mentir? Et alors, les filles pilotes, je ne vous dis pas…
Un réacteur est programmé, pour le décollage, pour fournir le maximum de carburant, donc de poussée, et ceci sans dépasser la température limite d'entrée de la turbine. Bien sûr, plus il fait chaud, plus la température va encore augmenter dans le réacteur et donc plus vite cette limite sera atteinte. Raison pour laquelle, lorsque les réacteurs étaient avec des turbines limitées fortement en température, on attendait parfois que les températures diminuent en soirée pour décoller à pleine charge. Cela existe encore parfois, sur avion cargo, dans les pays du Golfe.
Revenons à nos mensonges, pardon, nos moutons... Pour qu'un réacteur n'envoie pas connement toute la puissance, pardon toute la poussée, et donc toute la quantité carburant, on va lui "mentir" sur la température extérieure. Par exemple, même s'il fait 15°C, on va lui dire qu'il fait 56°C! Comme cela, il va limiter l'apport carburant et on décollera à puissance, on, poussée réduite, avec tous les avantages que je vous ai décrit. On appelle cela la méthode de la température fictive... Cette température fictive est calculée pour que, même en cas de panne d'un moteur, on respecte les critères de pente au décollage ou longueur de piste. Il est évident qu'en cas de panne, le pilote peut aussi choisir de remettre la pleine poussée sur le réacteur valide, mais ce n'est pas toujours un avantage, en terme stratégique. On s'éloigne un peu des moutons, là ...
Après, une fois la phase de décollage terminée, on passe en poussée montée (climb). IL est évident que plus le réacteur aura été utilisé intensivement au décollage (faible différence entre la température réelle et la température fictive), plus cette différence de poussée se fera ressentir. Et c'est donc là que vous aurez cette impression "d'arrêt en plein vol"...
J'explique bien, non?
Moralité: plus la piste est courte, plus la poussée décollage sera élevée, plus la différence sera forte entre les poussées décollage et montée, et plus vous aurez la trouille!
On en rajoute encore un peu? Allez, mais c'est juste parce que c'est vous... En fait, il y a plusieurs poussées "montée" (climb), et le pilote peut choisir de sélecter l'une d'entre elles. En général, la sélection est automatique, et dépend un peu de la poussée décollage utilisée: il y aura toujours réduction de la poussée, dans ce cas de sélection "auto" . Mais, dans certains cas extrêmes (piste longue mais environnement montagneux, contrainte de circulation aérienne imposant une altitude mini à un point, comme par exemple Bangalore, en Inde) vous pourrez avoir l'impression inverse: le pilote (rusé, ils ne le sont pas tous…) va décoller à une poussée réduite, pour minimiser les risques de panne et économiser ses moteurs proche du sol, puis, une fois le décollage terminé, et hors des risques d'ingestion, choisir de "pousser" un peu ses moteurs, pour monter plus vite en altitude. Et donc, dans certains cas très précis, après le décollage, le régime des moteurs pourra augmenter!
Je ne vous décris pas le coté abject de ce triste personnage, dans le poste de pilotage, qui, non content d'avoir menti à son avion au départ, va lui faire le coup inverse juste après… Quel odieux spécimen de l'Humanité…
Tout le monde a pigé?
Demain, interro écrite! Et le premier(ère) qui dit "puissance" en parlant d'un réacteur va au coin!
Et retenez l'essentiel: les pilotes sont des êtres retors et donc infréquentables. Il y a des exceptions. Il paraît.