Salut, les
"affreux Jojo" (comme ça, pour rire) !
Dans les années 80, j'ai eu l'occasion de faire des parachutages hors notre centre de parachutisme.
Un jour, lors d'un meeting sur un aérodrome extérieur avec piste en dur parralèlle à une piste en herbe, j'ai décollé avec le Broussard MH 1521 F-BNEX pour un dernier parachutage (six sautants) à l'issue de notre retour sur Mourmelon, peu avant la nuit aéro.
Après le décollage, en montée encore dans l'axe, en passant 750 Ft sol, des vibrations fortes m'ont amené à réduire presque complètement la puissance moteur et à passer en descente.
"Devant, 30° à gauche ou à droite", impossible d'aller se vautrer dans un "petit brun d'herbe personnel, portatif et individuel" : que des haies entourant des petits jardins et des maisons individuelles. Même partout alentour "derrière" à gauche comme à droite.
Si je continuais sans rien faire, inéluctablement, nous allions nous crasher, car un Broussard ne se pose pas n'importe où, surtout dans un mouchoir de poche. Et si vous ajoutez les lignes électriques et téléphoniques qui me faisaient coucou aussi...
Perdu pour perdu avec mes six gars derrière, j'ai décidé le demi tour.
Mise en descente accentuée, tout droit durant quelques secondes, le temps d'atteindre les 1,3 de la vitesse de décrochage à 60° d'inclinaison, et hop... virage gauche 60° d'inclinaison.
Hou... la trouille des sautants !...
Hou... la terre se rapprochait bien vite, mais je n'ai pas décroché symétriquement ni asymétriquement grâce à ma vitesse acquise.
Pendant ce temps là , j'ai envoyé un message Mayday au contrôleur de l'aérodrome qui a stoppé un avion qui s'apprêtait à décoller sur la piste en dur face à moi, et j'ai réussi à me poser à contre QFU sur la piste en herbe.
Non sans avoir réussi à empêcher et à convaincre ces gentes sautantes de ne pas se précipiter dehors (chacun sa m..., n'est-ce pas) en raison de la hauteur sol un peu trop faible pour eux (hi, hi, hi).
Après l'atterrissage, sitôt arrêté, mon brave moteur a calé.
Quelques temps plus tard, il s'est avéré que deux dents en plastique ou téflon ou je ne sais quoi avaient cassé sur la roue dentée entraînant les deux magnétos (particularité du Broussard concernant son allumage : entraînement unique des deux magnétos).
La chance que nous avons eue, c'est que j'étais déjà à 750 Ft QFE lorsque la "panne" s'est produite, et que je n'ai pas trop tardé à réagir.
Le choix était vite vu : mourir après avoir attendu de percuter la planète, ou bien tenter quelque chose même si l'on sait qu'il ne faut pas le faire, que d'habitude c'est l'auto-rotation assurée à basse hauteur et le crash.
Oui, mais... mourir sans rien faire, ou mourir en ayant tenté quelque chose pour s'en sortir, j'ai choisi en quelques secondes de faire quelque chose.
J'ai joué, j'ai gagné, alors
"Mort aux c... et vive la Coloniale" !
Heu... les circonstances ont fait que je n'ai jamais eu à rejouer cette partie (même si j'ai survécu à deux crashs (des vrais) à trente ans d'intervalle (si, si) en France.