Bombardier abolit 5000 postes et vend son programme d'avions Q SeriesBombardier abolira 5000 emplois à travers le monde, dont 2500 au Québec et 500 en Ontario, au cours des 12 à 18 prochains mois, pour une économie annuelle de 250 millions de dollars d'ici 2021. L'avionneur montréalais a également annoncé la vente de son programme Q Series, une décision qui ne surprend pas les experts.
Bombardier vend sa Q Series pour la somme d'environ 300 millions de dollars à l'avionneur Longview Aircraft, une filiale de Viking Air de la Colombie-Britannique.
L'entente couvre l'ensemble des actifs, la propriété intellectuelle et les certifications de type associées aux Dash 8 Series 100, 200 et 300 ainsi que les activités du programme d'avions Q400 assemblés à Downsview, en Ontario, où auront lieu la majorité des 500 abolitions prévues dans cette province.
Entré en service il y a près de 20 ans, le Q400 est un appareil à hélices d’une trentaine de mètres de long pouvant transporter jusqu’à 90 passagers.
L’avionneur a aussi conclu une entente définitive avec la multinationale montréalaise CAE pour la vente de ses activités de formation des pilotes et des techniciens de Bombardier Avions d'affaires, menées principalement dans les centres de formation de Montréal, de Québec et de Dallas, au Texas.
Bombardier et CAE ont aussi conclu une entente visant l'élargissement de leur relation de fournisseurs de services de formation autorisés, en vertu de laquelle CAE procédera au versement anticipé de toutes les redevances en vertu de l'entente. La valeur combinée de ces transactions totalise 800 millions de dollars, dont 645 millions tirés de la vente des activités de formation.
« Notre cycle d’investissements massifs étant maintenant complété, nous continuons à progresser dans l’exécution de notre plan de redressement », a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, qui présentait jeudi matin les résultats de son troisième trimestre.
La multinationale montréalaise rapporte d'autre part une hausse de 48 % du résultat du 3e trimestre par rapport à la période correspondante de l'exercice précédent, à 271 millions de dollars américains.
Les revenus de Bombardier ont atteint 3,6 milliards de dollars américains pour ce trimestre.
La décision de Bombardier de vendre la Q Series n'a pas surpris le professeur de stratégie des affaires à HEC Louis Hébert. Selon lui, l'entreprise se défait ainsi d'actifs dont les rendements et le potentiel de croissance sont devenus limités.
« On délaisse des activités qui sont relativement matures, explique-t-il. Le marché des Q400 était plus petit, très segmenté, moins important, avec un potentiel limité. Bombardier a sans doute trouvé que c’était le bon moment de délaisser ces activités-là . »
M. Hébert croit d'ailleurs fort probable que Bombardier se départira également des appareils CRJ.
Le Global 7500, planche de salut de Bombardier
L’avionneur québécois se tourne désormais vers la série Global. « Avec le Global 7500, on a mis quelque chose d’extraordinaire sur le marché », soutient Mehran Ebrahimi, professeur au Département de management et de technologie à l’UQAM.
« Bombardier est fort dans le secteur des jets d’affaires avec le Global, poursuit M. Hébert. L’entreprise a une position stratégique très intéressante avec un beau potentiel de croissance ».
« Sans doute que Bombardier va vouloir s’appuyer et se concentrer sur les jets d’affaires, conclut-il. D’ailleurs, la décision d’aujourd’hui le suggère. »
Bombardier vise la croissance
« Lorsqu’on en vient à faire des investissements pour le futur d’une compagnie, on tente de les mettre aux endroits où on va aller chercher un maximum de croissance », a expliqué le vice-président aux relations externes de Bombardier, Olivier Marcil.
Or, le programme des Q400 aurait nécessité « un certain nombre d’investissements » que Bombardier « a préféré mettre ailleurs ».
La vente de ces actifs « non stratégiques » permet donc à Bombardier de renflouer ses coffres tout en recentrant ses activités.
« Il nous faut regarder les possibilités de croissance et le rail, de même que les avions d’affaires, sont des divisions importantes pour nous, explique-t-il. On va mettre nos efforts aux bons endroits, c’est ce qui va nous permettre de ramener la compagnie à la profitabilité ».
La rationalisation et la restructuration de l’entreprise ne sont pas terminées, convient M. Marcil. « Il reste du travail à faire, c’est clair. Bombardier doit continuer d’améliorer ses marges, sa performance financière, ses processus. »
« On a des objectifs financiers très clairs, il faut accroître nos revenus l’année prochaine et la suivante, poursuit-il. On va prendre les décisions pour arriver à ça et s’il y a d’autres décisions à prendre, on verra en temps et lieu. »
Le professeur Mehran Ebrahimi estime que la suppression de 5000 postes au sein de Bombardier n'est pas aussi dramatique qu'il n'y paraît.
« Ça surprend toujours, on se met à la place des gens qui vont perdre leur emploi au cours des prochains mois », mais, poursuit-il, les besoins de l’industrie aéronautique au Québec font en sorte que les travailleurs licenciés trouveront un autre emploi relativement aisément.
« Le secteur de l’aéronautique en général manque énormément de main-d’œuvre, rappelle-t-il. Toutes les entreprises au Québec recrutent. Je n’ai donc pas d’inquiétudes pour ces gens-là . Ils viennent de Bombardier, ils ont une bonne formation, ils vont être assez vite replacés dans d’autres entreprises. »
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