Bush Pilot a écrit:
Pour moi, la cause est entendue : le pilote s'est "planté tout seul comme un grand", comme je l'ai démontré plus haut.
C'est ma conviction. Cela n'engage que moi, évidemment.
Et bien, voici une autre hypothèse que je ne vous avais pas soumise volontairement dès le départ.
Qu'il y ait eu suivi de la procédure prévue, ou bien réalisation d'une QFG, peut importe.
Ma démonstration précédente reposait sur une erreur d'altimétrie : le pilote se croie à 10500 Ft QFE alors qu'il est à 10500 Ft QNH.
Force est de conclure que le pilote, malgré toute son expérience, a commis cette erreur possible, et même probable.
Puisque, malgré toute son expérience, ce pilote a commis une erreur, on peut aussi aller plus loin en remplaçant l'hypothèse précédente par celle qui suit maintenant.
Bien que volant à altitude indiquée constante, un avion descend par rapport au sol s'il se dirige vers une zone de basse pression sans réactualisation du QNH et recalage de son altimètre.
Supposition (à vérifier) que le QNH au départ de Kinshasa soit de 1030 mb (hPa) et celui de N'Dola de 971 mb (hPa). On se retrouve bien dans la situation d'un vol en direction d'une dépression, avec un abaissement de pression de 59 mb (hPa) durant 938 Nm en direct (1737 km). Hou-là … un météorologue pourrait-il confirmer que cela peut se réaliser sans qu'on ait à changer de planète vite fait, bien fait ?
Sans réactualisation du QNH et sans recalage de l'alti, à raison de 28 Ft par mb (hPa), l'avion descend donc 28 x 59 = 1652 Ft entre Kinshasa et N'Dola.
Le pilote ne s'est pas reporté atteignant ou passant 6000 Ft (QNH). C'est peut-être que son altimètre lui indiquait encore une altitude au-dessus de ces 6000 Ft.
Les chiffres parlent alors d'eux même :
Le pilote croie être tout près d'atteindre les 6000 Ft (6009 Ft ?) alors que son avion est déjà à seulement 6000 - 1652 = 4348 Ft. (6009 - 1652 = 4357 Ft).
Or, il percute la planète à 4357 Ft (élévation du terrain sur le lieu du crash)...
Cette hypothèse a probablement été étudiée aussi par les enquêteurs de l'époque. Elle est tellement simple, et les chiffres sont tellement accusateurs...
Elle est comme le costard cravate tout neuf que l'on fait endosser à un jeune pilote frais émoulu. Le problème, c'est que notre pilote devait fort probablement être un vieux chiban' très expérimenté puisqu'il volait sur l'un des avions de ligne les plus modernes pour l'époque (1961).
Difficile de croire qu'il ait pu commettre une telle erreur de débutant...
D'autant plus difficile à croire que des éléments semblent infirmer cette hypothèse : il aurait reçu le QNH en arrivant à N'Dola, puis aurait demandé confirmation de ce QNH juste avant de percuter la planète.
Paradoxalement, le pilote appelle le contrôleur au moment ou il se rend compte que quelque-chose ne colle pas, probablement au moment où son alti lui indique très peu au-dessus de 6000 Ft, juste avant de percuter le sol. Et hop, on en revient à l'hypothèse de l'alti pas recalé sur le nouveau QNH, celui de N'Dola !
On lui a passé préalablement le QNH de N'Dola, et il ne recale pas son alti sur cette nouvelle pression ? Ouf, difficile d'admettre ça ! Et pourtant, les chiffres collent si bien à cette démonstration...
Si c'est le cas, on pourrait même oublier les 180 kt de ma toute première démo pour une QFG 3mn, et se dire que le DC-6 avait une vitesse plus faible correspondant à sa vitesse habituelle d'approche (1,3 VS0), qu'il s'agisse d'une QFG ou de la procédure prévue à N'Dola.
Dur-dur de retrouver ce qui s'est passé réellement, is not it !
La seule conviction qui me reste, c'est que le pilote a bel et bien commis une erreur altimétrique.
Allez : "A vous les commandes"...