Accident du Tracker 22, quelques commentaires…
Publié le 7 août 2019
Depuis l’accident de T22 et le décès de son pilote, Franck Chesneau, dont la mémoire a été célébrée hier à Nîmes, c’est la foire à la connerie chez les experts d’internet et certains pseudos-journalistes qui découvrent que, oui, il n’y a pas que des Canadair à la Sécurité Civile.
Quelques points rapides :
oui, l’avion est en fin de carrière mais non, ce ne sont pas des ruines volantes. T22 avait environ 14 000 heures de vol pour un potentiel constructeur annoncé à 25 000. Quant à la qualité de sa maintenance, la remettre en cause serait particulièrement injurieux pour ceux qui s’en occupent avec patience, passion et compétence.
oui, les pilotes adorent leur avion. D’ailleurs, pour la succession des Conair Turbo-Firecat, ils rêvaient ouvertement de remplacer leurs Tracker par… des Tracker comme ceux qui sont utilisés en Californie, légèrement plus performants et un petit peu plus récents. On peut considérer ceci comme une vraie preuve de confiance !
oui, les turbines n’aiment pas trop les fumées, mais c’est la même chose pour les Canadair et l’ensemble des avions de lutte contre les feux de forêt dans le monde. Ce n’est pas pas par hasard si les biturbines sont légion dans ce business. Mais même chez les Air Tractor monoturbine, je ne me souviens pas d’un accident causé par un « flame-out » après un passage dans des fumées. Les pertes de contrôle et les collisions avec le sol en situation de vol contrôlé (CFIT) sont les causes d’accident les plus courantes.
J’ai posé la question à un ami qui vole sur feu depuis 23 ans, ça lui est arrivé une fois en C-130 (une turbine sur quatre… autant dire un évènement sans gravité).
Oui, ils sont seuls à bord en temps normal mais certains pilotaient des Jaguar et des Super-Etendard il y a quelques années sur des théâtres d’opérations bien plus complexes (vous avez entendu parler des ATO, Air Tasking Orders des opérations conjointes ?) que les feux de forêt !
Le Tracker est une bonne machine, et comme tous les avions, il faut respecter son domaine de vol. Il est utilisé pour une des missions les plus difficiles qu’il puisse exister, les accidents arrivent aussi parfois dans des activités plus « calmes » et réputées plus sûres.
◊Une enquête est en cours, attendons ses conclusions et halte aux raccourcis hâtifs, aux articles bricolés. Il est évident que les pilotes du secteur ont autre chose à faire que répondre aux sollicitations de la presse pour défendre leur monture, leur métier et leur collègue en ce moment ; le bal des vautours actuel est particulièrement déplacé.
FM
Ce contenu a été publié dans Combattre les feux par Fred Marsaly.
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