https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/18/airbus-s-inspire-du-vol-en-formation-des-oies-sauvages_6019593_3234.htmlAirbus s’inspire du vol en formation des oies sauvages
L’avionneur européen a développé la technique du vol en V pour l’adapter aux appareils commerciaux. Objectif : réaliser des économies substantielles de carburant.
Par Guy Dutheil
A l’occasion du Salon de l’aéronautique de Dubaï, Airbus a dévoilé, lundi 18 novembre, une nouvelle technique de vol capable de générer des économies substantielles de carburant. Baptisée Fello’fly, elle est inspirée du vol en formation des oies sauvages. Pour effectuer leur migration sur des milliers de kilomètres, ces volatiles ont adopté une formation en V renversé. Un dispositif qui leur permet d’économiser leurs efforts.
En effet, les battements d’aile de l’oiseau leader créent des tourbillons qui facilitent la pénétration dans l’air de ceux qui l’escortent. L’avionneur européen a développé cette technique pour l’adapter aux vols des avions commerciaux. « En volant près du tourbillon créé en bout d’aile par l’appareil leader, l’air est accéléré et crée une puissance qui permet à l’avion suiveur, l’ailier, d’aller à la même vitesse en réduisant sa puissance moteur, ce qui génère une importante économie de consommation de carburant », explique Sandra Bour Schaeffer, directrice de la division démonstration du groupe.
Première démonstration commerciale dès 2021
Selon les tests effectués par Airbus, l’économie en kérosène est de 5 % à 10 % par vol en formation si les appareils s’escortent à trois kilomètres de distance. Une performance supérieure à l’économie de carburant (de 3 % à 4 % seulement) obtenue par l’installation, depuis près de sept ans, de winglets (ailettes recourbées) aux extrémités des ailes des avions commerciaux. Deux compagnies aériennes, dont une française, sont partenaires d’Airbus pour tester la mise en œuvre du vol en V, mais d’autres sont également intéressées, fait savoir l’avionneur européen.
Outre une consommation fortement réduite, principalement sur les vols transcontinentaux, le vol en V ne nécessitera qu’une simple mise à jour des calculateurs des avions, explique Airbus, qui prévoit une première démonstration commerciale dès 2021. Le groupe met au point une application qui permettra aux appareils de s’appairer pour effectuer ces vols en formation. Toutefois, pour entrer en service, le vol en V devra obtenir l’agrément des compagnies, du contrôle aérien, mais aussi du régulateur. En effet, la réglementation actuelle oblige les avions à voler à une distance supérieure aux trois kilomètres préconisés par Airbus.
Guy Dutheil