CHAMMAL : première mission de guerre pour le capitaine Xavier.
Mise à jour : 23/03/2020
Le 20 février 2020, le capitaine Xavier, 29 ans, pilote de chasse sur Rafale effectuait son premier vol en opération extérieure (OPEX) au départ de la base aérienne projetée (BAP) au Levant.
En opération, le départ en vol prend une dimension particulière : « contrairement à un vol d’entraînement, ce sont de véritables munitions placées sous l’avion. Et pour la première fois, j’ai une arme dans mon gilet de vol ». Conscient de l’enjeu de la mission, le capitaine entame cette journée qui restera gravée dans sa mémoire.
Ici, les interlocuteurs sont américains et jordaniens, les textes de réglementation et d’utilisation de l’avion sont propres à l’opération Chammal. L’officier sait qu’il doit faire preuve d’adaptation dans cet environnement nouveau pour gérer au mieux les appréhension d’une première mission de ce type. « Le déploiement ayant été rapide il a fallu emmagasiner beaucoup d’informations rapidement une fois arrivé sur le théâtre ».
Mais le capitaine Xavier remarque que le plus notable reste la préparation psychologique « il faut gérer le stress lié au survol d’un territoire hostile, le fait de ne plus être en situation d’entraînement mais en condition réelle ». L’étape délicate du ravitaillement en vol comportera un facteur de stress supplémentaire : en cas de problème, le poser de l’avion se fera certainement dans un environnement complexe.
Pour lui, la montée en pression commence à 12h00, dès le briefing d’avant vol au cours duquel le leader, pilote qui l’accompagnera sur cette mission met l’accent sur la marche à suivre en cas d’éjection permettant d’être récupéré au plus vite.
Le pilote prend place dans l’avion, la verrière se referme, les dernières vérifications faites, la pression laisse place à la concentration. Il est 13h00, le capitaine s’apprête à réaliser son premier décollage depuis la BAP en Jordanie.
L’intensité de cette première mission prendra tout son sens durant « le survol de l’Irak et de la Syrie, des régions qui nous sont présentées tout au long de la formation comme les zones d’affrontement est un moment très intense. On place des images et des sensations sur les récits entendus de la part des aînés ».
Le souvenir marquant de ce vol pour le capitaine sera d’ailleurs le passage au-dessus de l’Euphrate, fleuve symbolique de la traque contre Daech.
Le vol était plus long que les vols d’entraînement, 5h00 contre 2h00 habituellement. « Mais l’adrénaline, l’excitation et la mission ont fait que le vol ne paraissait pas plus long. Durant ces 5h00, il ne faut pas se relâcher, rester réactif et efficace. La fatigue est plutôt notamment mentale ».
Dans cette nouvelle étape, le capitaine Xavier a pu compter sur le soutien de l’ensemble du détachement chasse. Un esprit d’équipe essentiel selon lui pour une mener à bien ce type de mission dans de telles circonstances.
« J’ai été très bien orienté par l’équipe, ici, le leader et l’équipier ont un lien plus fort que sur une mission d’entraînement où le leader est là pour évaluer l’équipier. Cette fois nous partons pour faire une même mission ensemble et cela met en confiance ». Une confiance de la part de ses coéquipiers qui lui a permis de se sentir prêt à partir sereinement en seulement 10 jours.
Implication qu’il a pu retrouver à son retour de vol, accueilli et félicité selon la tradition par l’ensemble de l’unité et des spécialités intervenant pour le bon déroulement de la mission. « La particularité de l’OPEX est que nous sommes en petit nombre ; le lien entre pilotes, mécaniciens, exploitants renseignement est beaucoup plus fort. Les mécanos préparent tous les jours l’avion, se lèvent aussi tôt que nous et c’était important qu’ils soient présents à l’arrivée et qu’ils participent à la tradition du retour de premier vol ».
Le capitaine Xavier a concrétisé cette première mission avec la notification de ses toutes premières heures de vol de guerre dans son carnet de vol, étape symbolique « cela donne une autre dimension au métier et change le regard des proches sur le métier exercé ».
Cette étape validée, le jeune pilote confie que « Ce premier vol rassure sur le fait d’être capable, il est le résultat de toutes les années de formation pas toujours faciles, un objectif est atteint. Cette étape franchie est gratifiante, j’ai le sentiment d’avoir servi à quelque chose, apporté ma petite pierre à l’édifice ».
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l'opération Chammal représente le volet français de l'Opération Inherent Resolve (OIR) au sein d’une coalition de 80 pays et organisations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l'opération Chammal vise, à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire. L'opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier " appui " destiné à appuyer les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de Daech ; un pilier " formation" au profit des forces de sécurité irakiennes. A ce jour, le dispositif complet de l'opération Chammal compte près de 1 000 militaires. Il comprend également plus d’une centaine de militaires projetés à Bagdad pour la formation et le conseil des états-majors et unités irakiennes.
Sources : État-major des armées