(A déplacer dans la bonne rubrique. Merci.)Crash de l'hélicoptère Sikorsky S58 au Mont-Blanc en 1956 lors du sauvetage de Vincendon et HenryDeux jeunes alpinistes,
Jean Vincendon et François Henry, partent le 22 décembre 1956 pour gravir le Mont Blanc par la voie de l'éperon de la Brenva. Leur expédition tourne au drame.
Ils se perdent dans de mauvaises conditions météorologiques à plus de 4 000 m d'altitude et succombent après 10 jours au froid et à l'épuisement : les tentatives de sauvetage échouent les unes après les autres alors que leur épopée est suivie à la jumelle depuis la vallée.
Une opération aérienne visant à déposer des secouristes au sommet du Dôme du Goûter est lancée.
A l'époque, il n'y a pas encore de présence permanente d'hélicoptères pour le secours en montagne à Chamonix et très peu d'appareils ont déjà réalisé des déposes à plus de 4.000 mètres d'altitude...
Un hélicoptère de l'armée
Sikorsky S-55, surnommé "
Eléphant joyeux", est mobilisé depuis la base du Bourget-du-Lac (Savoie) pour réaliser des vols de reconnaissance et larguer vivres et matériels de survie sur les lieux où se trouvent les 2 survivants, vers 4.000m d'altitude sur le Grand Plateau, juste au dessus de la Combe Maudite (glacier des Bossons).
Cet hélicoptère à moteur à piston de 700 chevaux n'est pas particulièrement a adapté pour la haute altitude, mais il a déjà réussi des opérations de test de dépose au Dôme du Goûter en juin 1956, bien au-delà de son plafond pratique opérationnelle de 3.000m, et dans des conditions plutôt "acrobatiques". A 4.000m, le S-55 perd 30 à 40% de sa puissance et ne peut pas tenir un vol stationnaire.
Citation:
"Pour décoller [de 4.300m], il a fallu tricher, c'est-à -dire se mettre en surrégime, prendre plus de tours que la limite maximale autorisée, et, grâce à l'inertie du rotor, soulever la machine de quelques mètres, juste de quoi plonger dans le vde tout proche. Quand à l'atterrissage, à cette altitude c'était plutôt un "crash controlé" qu'autre chose..."
Yves Ballu, dans son livre "Naufrage au Mont-Blanc"
Parmi les membres des équipes de secours, certains espéraient que l'on enverrait une Alouette II, un tout nouveau modèle d'hélicoptère (mis en service cette même année de 1956 !) à moteur à turbine au rendement très supérieur aux moteurs à piston, et donc bien plus adapté aux vols en montagne.
Mais il sera finalement décidé d'envoyer le S-55, ainsi qu'un
Sikorsky S-58, surnommé "
Mammouth", pour réaliser la dépose des sauveteurs au plus prés des deux victimes.
Image d'illustration d'un Sikorsky S-58Le S-58 est plus puissant (1.525 chevaux) que le S-55, mais tout aussi "pataud" en montagne.
Jamais le S-58 n'a encore été expérimenté à plus de 4000 mètres.
Le 31 décembre 1956, à 12h45, le gros Sikorsky décolle du Fayet, à Chamonix.
Le plan prévoit que deux guides sautent du S-58 à côté des victimes, là où la neige est poudreuse et profonde.
Un premier passage, puis un second, le S-58 survole les victimes à une vingtaine de mètres, mais il n'arrive pas à se maintenir en vol stationnaire,
en limite de puissance, il va vite, trop vite, la neige poudreuse est soulevé par le souffle du rotor...
Et puis il s'enfonce, une pale est projetée en l'air.
Le S-58 gît retourné, la queue brisée, sans rotor.
Les quatre occupants (deux pilotes, le commandant Alexis Santini et l'adjudant André Blanc, et deux alpinistes secouristes Honoré Bonnet et Charles Germain) sont indemnes : les deux guides secouristes placent Henry et Vincendon, qui sont intransportables, à l'abri dans la carcasse de l'appareil.
L'épave du S-58 accidenté sur le Grand Plateau, glacier des BossonsLes sauveteurs décident alors de remonter en priorité les pilotes au refuge Vallot et de redescendre ensuite chercher Vincendon et Henry.
À l'observatoire Vallot, les secouristes s'occupent des pilotes extrêmement fatigués.
Le 2 janvier, le météo est mauvaise et les opérations sont arrêtées.
Le 3 janvier, deux hélicoptères de type Alouette II pilotés par Gérard Henry et Jean Boulet se posent à proximité de l'observatoire Vallot (4.362 mètres), évacuant les secouristes et pilotes.
Jean Boulet, pilote d'essai à Sud Aviation, avait déjà réalisé des déposes à l'observatoire Vallot (4.360m) en août 1956 lors de vols de test de qualification de l'Alouette II.
Le survol de la carcasse du Sikorsky ne donne aucun signe de vie de Vincendon et Henry. Le capitaine Legall de l'École militaire de haute montagne, avec l'accord du père de François Henry, décide d'arrêter l'opération de secours.
Le 19 et 20 mars 1957, une expédition redescend les corps des deux jeunes alpinistes.
Cette affaire est à l'origine de la création des pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM), unités de secours en montagne en France.
A la fin des années 70, le glacier des Bossons a restitué quelques débris de l’hélicoptère Sikorsky S-58 N° 377 accidenté le 31 décembre 1956.
Une mission du 28 octobre 1978 à l’aide d’un hélicoptère SA-330 Puma de l’armée de l’air a permis de récupérer le moteur, une partie du rotor, et des éléments de la boite de transmission.
Sources : Wikipédia, Livre "Naufrage au Mont-Blanc" d'Yves Ballu.