En supposant un atterrissage niveau mer : 12400 m en 30 min donnerait environ 410 m/min.
Mais l'atterro était certainement plus haut (?) et la durée, grossièrement estimée, un peu pus faible, + une machine outrageusement allégée, on retombe dans le même ordre de grandeur...
Istres, 49 mètres.
Jean Boulet a mis 12 minutes pour monter à 11.000 m (900 m/min), mais pour la descente en autorotation je ne sais pas...
...
La mise en route s’est effectuée à 12 h 05 et il ne restait qu’un trou de ciel bleu au-dessus de la tête de Jean.
Au bout de 12 minutes il atteignait 11 000 m à la limite supérieure des cirrus. Le pilotage devenait difficile, les servos commandes ne suffisaient plus à contrôler les cycles et il devait s’arc bouter en s’aidant des genoux pour maîtriser la machine. Le nombre de mach important en bout de pale avançante, l’incidence importante de la pale reculante donnaient des moments aérodynamiques importants.
En conséquence de quoi, il réduisit sa vitesse à 30 Kts. Pour ne rien arranger, le palonnier était également devenu très dur et la visibilité extérieure de plus en plus réduite. La cabine était entièrement givrée mis à part le carré de papier anti-givre qui était collé en face de lui sur le plexiglas. Température extérieure : -62°C ; heureusement à l’intérieur la température était légèrement positive. Avec ses vêtements après skis et les efforts auxquels il était soumis, il avait plutôt chaud.
A 39 600 Ft soit 12 100 m, il ne montait presque plus, il ne lui restait que 28 kg de carburant et pressé de redescendre dans son trou de nuage, il baissa le pas général et la turbine s’éteignit.
Celle-ci n’avait jamais été essayée par des températures aussi basses et dès que la puissance fut réduite la flamme a décroché. N’ayant ni démarreur ni batterie, pas question de remettre en route.
La descente en autorotation ne lui posait pas trop de problème, seul le cap était difficile à tenir à cause d’un effort important sur le palonnier gauche. C’est alors qu’il ne put repérer son espace dans les nuages d’abord à cause du givre qui lui masquait presqu’entièrement la vision extérieure et d’autre part, si en montant il avait bien vu le ciel bleu, en revanche le sol uniforme de Camargue recouvert d’une brume assez épaisse ne se distinguait plus d’en haut.
A plus de 11 000 m, sans horizon, sans conservateur de cap et sans même un compas de secours, il est entré dans la couche de cirrus. Les pilotes comprendront aisément son problème. La seule référence extérieure, le halo du soleil vaguement distingué à travers les nuages. S’il avait eu les moyens de maintenir le cap, le soleil lui aurait permis de maintenir une altitude constante, mais ce n’était pas le cas. L’hélicoptère tournait et le maintien de l’astre en question à une hauteur constante par rapport au fuselage l’amenait à cabrer considérablement après un changement de cap de 180°.
Pour éviter ce problème, il aurait fallu que le soleil soit à la verticale d’Istres et il n’en était rien. Le jour du solstice, à midi, il en était aussi peu éloigné qu’il était possible de l’être à cette latitude, ce qui bien sûr l’a aidé.
La radio, quant à elle, ne cessait de lui répéter de revenir au terrain, mais il en était bien incapable tout occupé à essayer de garder le halo du soleil à peu près au-dessus de sa tête. Même essayant de répondre à Istres, il a vu le soleil sur sa droite, dans le plancher et a rétabli de justesse.
Enfin à 7 000 m après une descente de 4 000 m en aveugle, il est sorti de la couche et a aperçu Istres assez loin tout juste accessible en autorotation. Pour allonger sa trajectoire, il a affiché 70 Kts, mais ne pouvait pas aller au delà parce que le cyclique était en butée en l’absence d’empennage, enlevé pour allègement et du centrage arrière dans lequel il se trouvait. Il était nécessaire de se reposer sur le terrain de départ afin que le record soit homologué.
Le point exact du décollage ne fut pas atteint mais l’hélicoptère se posa dans les limites du terrain. C’était gagné !
En raison des basses températures extérieures, l’altitude indiquée était inférieure à l’altitude réelle. Le record fut donc homologué à 12 442 mètres.
Aujourd’hui, il est toujours d’actualité.
http://www.helico-fascination.com/recits/jean-marie-potelle/article/12-442-metres-en-lama