Attention, aéroport déconseillé aux pilotes inexpérimentés… À Kaboul, l'Afghanistan s'envole sous le contrôle des Américains
Philippe Antoine avec agences
Publié le mardi 24 août 2021 - Mis à jour à 10h28
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"J’ai effectué quelques vols non conventionnels, mais celui-là était exigeant et sacrément long ". Ce sont les mots d'un pilote de l’armée de l’Air tchèque qui a évacué mercredi 62 personnes de la capitale afghane dans un A319.
Depuis un peu plus d’une semaine, les conditions de vols ont été bouleversées à Kaboul. Ce sont désormais les militaires américains qui ont la maîtrise totale de l’aéroport international Hamid Karzai, et cela comprend aussi le contrôle aérien et la gestion du trafic, comme l’explique un pilote français qui s’est récemment posé sur l’unique piste de Kaboul aux commandes d’un A400M "ce sont les Américains qui gèrent tout le contrôle aérien, le contrôle au sol, de la tour et le contrôle d’approche ".
Selon le pilote tchèque qui témoigne sur le site du ministère tchèque de la Défense, "ce contrôle aérien mis en place dans l’urgence était à peine audible et les décisions étaient laissées à la responsabilité de l’équipage, les contrôleurs se contentant selon lui de donner des informations, chacune ponctuée d’un "à vos risques et périls".
Il faut pouvoir réagir très vite aux injonctions
Pour avoir mené plusieurs missions dans la région du Koweit à l’époque de la guerre du Golfe au début des années 1990, un pilote belge confirme que ce genre de vols ne doit pas être confié à des "débutants" : "Si vous me permettez une image, il faut s’imaginer un carrefour routier important avec à son centre un policier qui ferait des gestes très rapides à l’attention des automobilistes. Lorsque l’on est dans un cockpit d’avion, et que l’on est dans une situation qui n’est pas vraiment ordinaire, il faut pouvoir réagir très vite aux injonctions de ces contrôleurs militaires américains, surtout si le trafic est dense, car cela complique encore davantage la situation. Voilà pourquoi ce genre de vols nécessite un équipage expérimenté".
D’autant que les rotations d’avions sont "réglées comme du papier à musique", pour reprendre l’expression du pilote de l’A400M français : "les créneaux imposés – une demi-heure entre le poser et le décollage – doivent impérativement être respectés".
Depuis quelques jours, les opérations d’exfiltration sont rondement menées : en 12 heures dans la nuit de lundi à mardi, 15 avions militaires américains et 34 d’autres pays ont évacué près de 11.000 personnes. C’est sans doute le seul moyen pour respecter le délai du 31 août au-delà duquel les talibans n’accepteront plus le moindre soldat américain sur le sol afghan.
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