Quelles sont les 4 avancées majeures du nouveau porte-avions chinois CV-18 Fujian ?
https://meta-defense.fr/2023/06/18/les- ... 18-fujian/Le nouveau porte-avions chinois, baptisé CV-18 Fujian, a été lancé le vendredi 17 juin 2022 à Shanghai, marquant une nouvelle étape dans l'évolution industrielle et opérationnelle de la Marine de l'Armé Populaire de Libération.
Au delà d'un incontestable succès industriel pour Pékin, qui a lancé en moins de 12 ans, 3 porte-avions de technologie et de tonnage croissants, le Fujian constitue un atout clé pour la Marine Chinoise dans son bras de fer en devenir avec l'US Navy et ses alliés, offrant plusieurs avancées majeures concernant les capacités dont disposeront militaires et industriels chinois dans les années à venir, allant de la propulsion électrique intégrée ouvrant la voix à une propulsion nucléaire, à un groupe aérien embarqué étendu comparable à celui dont dispose les super porte-avions de l'US Navy.
Le plus imposant navire militaire non américain de l'histoire
Avec le Fujian, la Marine chinoise s'impose désormais comme le seul compétiteur de l'US Navy sur les océans. En effet, le nouveau porte-avions chinois, avec une longueur de 320 mètres et une jauge estimée entre 80.000 et 100.000 tonnes, n'est autre que le plus imposant navire de guerre non américain jamais construit, avec des mensurations comparables à celles des porte-avions de la classe Kitty Hawk, les derniers porte-avions à propulsion conventionnelle de l'US Navy dont la dernière unité a été retirée du service en 2005 (2007 pour la sous-classe USS Kennedy).
Les porte-avions chinois précédant, le CV16 Liaoning et le CV17 Shandong, lancés respectivement en 2011 et 2017, avec une jauge à 65.000 tonnes, étaient dérivés du porte-avions russe Kuznetsov dont ils partagent l'architecture STOBAR à tremplin et brins d'arrêt, tout comme les HMS Queen Elizabeth II et HMS Prince of Wales britanniques.
Le CV18 Fujian surclasse de plus de 30% pour le tonnage ces bâtiments qui étaient à ce jour les plus imposants navires militaires hors ceux mis en oeuvre par l'US Navy. En outre, il affiche un tonnage deux fois plus imposant que celui du seul autre porte-avions non américain doté de catapultes de la planète, le Charles de Gaulle français et ses 42.000 tonnes.
Quelles sont les 4 avancées majeures du nouveau porte-avions chinois CV-18 Fujian ?
18 juin 2023
Le nouveau porte-avions chinois, baptisé CV-18 Fujian, a été lancé le vendredi 17 juin 2022 à Shanghai, marquant une nouvelle étape dans l'évolution industrielle et opérationnelle de la Marine de l'Armé Populaire de Libération.
Au delà d'un incontestable succès industriel pour Pékin, qui a lancé en moins de 12 ans, 3 porte-avions de technologie et de tonnage croissants, le Fujian constitue un atout clé pour la Marine Chinoise dans son bras de fer en devenir avec l'US Navy et ses alliés, offrant plusieurs avancées majeures concernant les capacités dont disposeront militaires et industriels chinois dans les années à venir, allant de la propulsion électrique intégrée ouvrant la voix à une propulsion nucléaire, à un groupe aérien embarqué étendu comparable à celui dont dispose les super porte-avions de l'US Navy.
Le plus imposant navire militaire non américain de l'histoire
Avec le Fujian, la Marine chinoise s'impose désormais comme le seul compétiteur de l'US Navy sur les océans. En effet, le nouveau porte-avions chinois, avec une longueur de 320 mètres et une jauge estimée entre 80.000 et 100.000 tonnes, n'est autre que le plus imposant navire de guerre non américain jamais construit, avec des mensurations comparables à celles des porte-avions de la classe Kitty Hawk, les derniers porte-avions à propulsion conventionnelle de l'US Navy dont la dernière unité a été retirée du service en 2005 (2007 pour la sous-classe USS Kennedy).
Les porte-avions chinois précédant, le CV16 Liaoning et le CV17 Shandong, lancés respectivement en 2011 et 2017, avec une jauge à 65.000 tonnes, étaient dérivés du porte-avions russe Kuznetsov dont ils partagent l'architecture STOBAR à tremplin et brins d'arrêt, tout comme les HMS Queen Elizabeth II et HMS Prince of Wales britanniques.
Le CV18 Fujian surclasse de plus de 30% pour le tonnage ces bâtiments qui étaient à ce jour les plus imposants navires militaires hors ceux mis en oeuvre par l'US Navy. En outre, il affiche un tonnage deux fois plus imposant que celui du seul autre porte-avions non américain doté de catapultes de la planète, le Charles de Gaulle français et ses 42.000 tonnes.
Avec un deplacement de 60.000 tonnes, le CV16 Liaoning est 30% moins imposant que le nouveau CV18 Fujian
De telles dimension, proches de celles de l'USS Enterprise CVN-65, premier porte-avions à propulsion nucléaire à avoir rejoint l'US Navy en 1961, qui quitta le service en 2017 et qui fut notamment l'un des héros du premier opus du film Top Gun, montrent que l'industrie navale chinoise a désormais atteint un degré de compétence venue tangenter le savoir-faire américain dans ce domaine, celles-ci.
Qui plus est, le Fujian n'est pas simplement imposant, il est également très moderne, embarquant notamment une propulsion électrique intégrée et un système de 3 catapultes et de brins d'arrêt électromagnétiques comparables à ceux qui équipent la toute nouvelle classe de porte-avions de l'US Navy, l'USS Ford.
Il sera, à ce titre, particulièrement interessant d'observer le temps qui sera nécessaire pour terminer le navire, et pour le déclarer opérationnel, ainsi que le délais requis pour construire et lancer une très probable seconde unité de la classe.
Rappelons qu'il ne fallut en effet que 3 ans aux chantiers navals chinois pour lancer le Shandong après le lancement du Liaoning, alors qu'il fallut plus de 10 ans pour relancer ce dernier après son acquisition auprès de la Russie.
Une propulsion électrique intégrée prête pour le nucléaire
La stratégie industrielle navale appliquée par Pékin est, on le sait, très méthodique, et chaque nouvelle classe s'enrichit des acquis de la précédente, que ce soit dans le domaine technologique, industriel comme opérationnel, et ce dans une dynamique très soutenue.
Ainsi, il eut été, sans le moindre doute, bien plus facile pour les ingénieurs chinois de doter le Fujian d'un système de propulsion traditionnel, et de catapultes à vapeur. Toutefois, en choisissant une propulsion électrique intégrée et des catapultes électromagnétiques, les ingénieurs chinois préparent de toute évidence l'arrivée prochaine d'une nouvelle classe de porte-avions à propulsion nucléaire, désignée Type 004, dont on peut estimer l'entrée en service entre le début et le milieu de la prochaine décennie.
En effet, contrairement à une propulsion traditionnelle pour laquelle la puissance des moteurs est directement transmise aux arbres d'hélices, une propulsion électrique intégrée repose sur des turbines produisant une importante puissance électrique alimentant l'ensemble des systèmes du navire, y compris les moteurs électriques qui propulsent le navire.
Il s'agit, en fait, d'une architecture très proche de celle employée sur les porte-avions à propulsion nucléaire, au sein desquels les chaufferies nucléaires remplacent les moteurs thermiques, de sorte à produire l'énergie électrique nécessaire à la propulsion mais également aux systèmes du navire, dont les catapultes et les brins d'arrêt électromagnétiques.
Cette technologie permet également de libérer des espaces dans le navire, notamment les turbines et alternateurs employés dans une propulsion conventionnelle à seule fin de produire le courant électrique du bord, mais également, dans le cas d'une propulsion nucléaire, en faisant fi des réservoirs de carburant consacrés au navire.
En d'autres termes, les choix technologiques appliqués au Fujian préparent parfaitement l'arrivée de la future classe de porte-avions à propulsion nucléaire tant pour les chantiers navals que pour la marine chinoise.
Il est interessant, à ce titre, de remarquer que Pékin applique une progression technologique proche de celle appliquée par l'US Navy entre les années quarante et 80 dans la conception de ses porte-avions, tout en l'appliquant sur une période de temps 2 fois plus réduite, et ce sans bénéficier d'un accompagnement technologique ou opérationnel extérieur, ce qui constitue, en soit, une réelle prouesse.
Des capacités opérationnelles doublées
Pour autant, le Fujian, et son probable sister-ship qui devrait en toute logique rejoindre le service autour de 2027, ne sont en rien de simples démonstrateurs technologiques. A l'instar du Liaoning et du Shandong, le nouveau porte-avions chinois servira aussi bien à former et acquérir de l'experience industrielle et opérationnelle, qu'à renforcer significativement les capacités opérationnelles à disposition de l'amirauté chinoise.
Ainsi, avec ses 3 catapultes électromagnétiques et son pont d'envol plus de 35% plus étendu que celui de ses prédécesseurs, le Fujian sera en mesure de soutenir une activité opérationnelle deux fois plus importantes, avec 80 à 120 rotations aériennes estimées, que celle soutenue par le Liaoning ou le Shandong qui, avec leur tremplin, ne peuvent effectuer plus de 40 à 60 rotations aériennes par jour, au mieux.
En outre, grâce aux catapultes électromagnétiques, les appareils lancés par le Fujian pourront emporter plus de charge utile au décollage, tout en consommant moins de carburant lors de cette manoeuvre, un atout opérationnel de taille, surtout face aux immensités du théâtre indo-pacifique sur lequel le navire évoluera principalement.
De fait, à l'instar des porte-avions américains des classe Nimitz et Ford, mais également dans une moindre mesure du Charles de Gaulle français, le Fujian sera apte à soutenir une campagne de projection de puissance de haute intensité, apportant l'équivalent opérationnel d'une escadre aérienne sur le théâtre d'opération, là ou ses prédécesseurs ne peuvent produire que l'équivalent d'un escadron de combat.
Il faudra cependant un certain temps aux marins et pilotes chinois pour exploiter au mieux ces nouvelles capacités, comme ce fut le cas pour les Marines américaines et françaises au fil des années.
Un Groupe Aérien Embarqué et un Groupe d'Action Naval polyvalents et exhaustifs
A l'instar d'un paradigme très en vogue en ce moment, un porte-avions se doit d'être considéré non pas comme un système d'arme, mais comme un système de systèmes, dans lequel le navire lui-même ne constitue qu'un élément, certes particulièrement imposant, et dont les avions, hélicoptères et drones constituent eux aussi des composants clés.
Là encore, le Fujian va marquer une profonde évolution pour les capacités opérationnelles chinoises, puisque son groupe aérien embarqué sera bien plus imposant et polyvalent que celui des deux porte-avions précédents.
Outre un plus grand nombre d'appareils mis en oeuvre, 40 à 50 contre une vingtaine, le Fujian pourra en effet mettre en oeuvre des aéronefs bien plus diversifiés, au delà des J-15 et Z-8 qui arment le Liaoning et le Shandong.
Ainsi, son groupe aérien embarqué sera composé du nouveau chasseur d'attaque furtif moyen J-35 en cours de développement, et proche, dans l'esprit si pas dans les performances qui restent inconnues à ce jour, du F-35C américain, mais aussi de l'avion de veille aérienne avancée KJ-600, un appareil de type Awacs très inspiré, semble-t-il, de l'E-2 Hawkeye qui arme les porte-avions américains et français.
Le chasseur lourd J-15, qui équipe déjà les porte-avions à tremplin chinois, armera également le groupe aérien embarqué du Fujian, dans une version spécialement développée pour employer les catapultes électromagnétiques et désignée J-35T, alors qu'une version de guerre électronique comparable à l'EA-18G Growler américain est également en developpement.
Enfin, tout laisse à croire que le Fujian mettra en oeuvre des drones de combat, même si l'on ignore à ce jour quelles seront leurs missions exactes et les modèles de drone concernés. Ainsi, à l'instar des Nimitz et des Ford américains, le Fujian disposera d'un groupe aérien embarqué global, polyvalent et homogène, offrant une répondre à l'ensemble du spectre de capacités opérationnelles attendues pour ce type de navire.
Enfin, le Fujian s'intégrera dans un groupe d'action naval, ou Task Force, elle aussi nouvelle et bien plus performantes que ceux qui opèrent à ce jour. Le porte-avions évoluera en effet sous la protection d'une escorte particulièrement robuste composée de destroyers lourds Type 055, de destroyers anti-aériens Type 52DL, de frégates anti-sous-marines Type 054A/B et de sous-marins nucléaires d'attaque Type 093 et du futur Type 095.
Ces navires modernes, très bien équipés et armés, et dont les performances n'ont plus grand chose à envier à leurs homologues occidentaux les plus avancés, offriront au Groupe d'Action Naval Chinois des capacités de combat proches de celles dont disposent les Task Force de l'US Navy, tout au moins une fois que les marins chinois auront acquis l'expérience nécessaire pour employer au mieux ces unités, de manière indépendante et surtout conjointe.
Conclusion
On le voit, si l'arrivée du Liaoning puis du Shandong avait déjà considérablement fait évoluer le rapport de force dans le Pacifique, le lancement du CV-18 Fujian laisse présager d'une évolution au moins aussi importante, qualitativement comme quantitativement, sur ce théâtre d'opération.
Par ailleurs, il semble évident que le nouveau porte-avions est inscrit par son architecture dans une trajectoire visant à doter la marine chinoise de porte-avions à propulsion nucléaire comparables à ceux en service au sein de l'US Navy, et ce d'ici moins d'une dizaine d'années, tout en emmagasinant l'expérience opérationnelle requise pour exploiter au mieux ces monstres des mers.
De toute évidence, dans ce domaine, Pékin ne se perd pas en conjectures stériles quant à la vulnérabilité supposée de ces géants des océans, et entend bien s'en doter le plus vite possible et en nombre suffisant, de sorte à pouvoir tenir tête si besoin à l'US Navy dans le Pacifique et dans l'Ocean Indien.
Reste que le plus stupéfiant dans cette trajectoire, n'est autre que l'extraordinaire planification mise en oeuvre par Pékin. En effet, tout porte à penser que le Fujian, qui entrera en service probablement en 2024, arrivera conjointement aux avions J-15T et D, au J-35 et au KJ-600 qui composeront son groupe aérien embarqué.
En outre, le pays fourni un important effort pour accroitre le nombre de pilotes et de techniciens formés à cette échéance pour opérer le bâtiment, et que les navires qui formeront l'escorte du porte-avions au sein du groupe d'action naval auront, eux aussi, terminé leurs cycles de formation et de montée en puissance.
En d'autres termes, et comme ce fut le cas pour le chasseur embarqué J-15, des destroyers Type 52D et des frégates Type 054 vis-à-vis du Liaoning, l'ensemble des composantes de cette force arrivera simultanément en service, avec des personnels formés et des procédures établies, qu'il restera cependant à aguerrir par plusieurs années d'entrainement.
C'est probablement l'excellence de cette planification (à l'opposée de la Russie par exemple), en contraste des difficultés rencontrées dans ce domaine en Europe et Outre-Atlantique, qui devrait le plus inquiéter les stratèges occidentaux concernant la montée en puissance militaire de la Chine aujourd'hui et pour la décennie à venir.
Plus ici :
https://meta-defense.fr/2023/06/18/les- ... 18-fujian/