En 2011, en lice face à Airbus [ex-EADS] pour un nouvel appel d’offres lancé par l’US Air Force pour se procurer 179 avions-ravitailleurs, Boeing n’hésita pas à proposer de généreux rabais pour imposer son KC-46A Pegasus, qui n’existait alors que sur le papier. Seulement, le contrat ayant été négocié à prix fixe, il dut prendre à sa charge tous les surcoûts liés à la mise au point de l’appareil.

Or, le développement du KC-46A n’aura pas été épargné par les difficultés et les retards. Câblage déficient, problèmes avec le système de caméras permettant de contrôler les opérations de ravitaillement en vol [RVS – Remote Vision System], fuites « excessives » de carburant, avions livrés à l’US Air Force avec deux ans de retard et présentant des défauts de qualité, etc. Au total, Boeing a dû payer de sa poche plus de 7 milliards de dollars pour remettre ce programme sur de bons rails.

Et ce n’est pas fini, car une nouvelle déficience de catégorie 1, c’est-à-dire susceptible de provoquer la perte de l’avion, a récemment été identifiée. Ainsi, il est apparu que des vibrations au niveau d’une pompe à carburant étaient susceptibles d’endommager le système de prélèvement d’air moteur, lequel permet, entre autres, de pressuriser la cabine de l’appareil ou d’alimenter des sous-systèmes de refroidissement.

Cela étant, ce problème est en passe d’être réglé, selon Kevin Stamey, un responsable de l’US Air Force. « Il faut admettre que Boeing a rapidement effectué les corrections nécessaires », a-t-il dit à la presse, lors de la conférence « Life Cycle Industry Days », le 30 juillet. D’après les premiers essais en vol, une technique permettant d’atténuer les vibrations semble très prometteuse comme solution provisoire, avant de trouver une solution définitive », a-t-il expliqué.

La technique en question consiste « à désactiver ou à activer la pompe pour minimiser les vibrations », a-t-il précisé. Cette « déficience pourrait bientôt être rétrogradée à une catégorie inférieure grâce à ces mesures », a conclu M. Stamey.

De son côté, Boeing a confirmé qu’un « plan d’atténuation à court terme » était « en cours d’examen par l’US Air Force afin de réduire l’impact sur la flotte » de KC-46A. Et d’ajouter qu’une solution à « long terme » était en passe d’être trouvée. Cette déficience « n’est pas un problème de sécurité immédiat », a par ailleurs relativisé un porte-parole.

D’autres déficiences de catégorie 1 sont également sur le point d’être corrigées, comme le risque de fissure des tubes de vidange utilisés dans le réceptacle de ravitaillement quand le KC-46 évolue à basse température.

Un nouvelle accident qui aurait pu tourner mal:

https://www.airforcetimes.com/news/your ... ghter-jet/

La perche de l'avion-citerne KC-46 se brise et cabosse l'avion lors du ravitaillement en carburant d'un avion de chasse

Les responsables de l'armée de l'air enquêtent sur un accident qui a lourdement endommagé un avion-citerne KC-46 Pegasus alors qu'il ravitaillait un avion de chasse le mois dernier, selon Air Force Times.

L'avion-citerne était en route de l'aéroport de Glasgow Prestwick en Écosse vers la base commune de McGuire-Dix-Lakehurst, dans le New Jersey, lorsqu'il a été chargé de ravitailler un F-15, a confirmé mercredi un responsable de l'armée de l'air.



Les enquêteurs pensent que lors du rendez-vous, les deux avions se déplaçaient à des vitesses si différentes que la perche de ravitaillement s'est détachée de force de l'avion de chasse et a percuté le KC-46, a déclaré le responsable. Le Pegasus a poursuivi sa route en toute sécurité vers le New Jersey après l'incident.

Une photo publiée le 28 octobre sur un compte Instagram de mèmes sur les avions-citernes semble montrer une perche de ravitaillement fissurée sous un cône de queue cabossé. Le post exprimait des inquiétudes quant à la sécurité du jet, d'autant plus que les responsables de la mobilité expérimentent l'utilisation d'équipages de deux personnes au lieu de trois en cas d'urgence.

Alors que le service estime que la réparation du KC-46 coûtera au moins 2,5 millions de dollars, le fonctionnaire a déclaré qu'il n'avait pas connaissance de dommages sur le F-15.

"L'incident fait actuellement l'objet d'une enquête en tant qu'accident potentiel de classe A, dont la conclusion est prévue pour la fin novembre", a déclaré le capitaine Natasha Mosquera, porte-parole de l'Air Mobility Command. "L'estimation finale des coûts sera déterminée à ce moment-là".

"Les déconnexions par force brute" sont peu fréquentes, mais se produisent, a déclaré le fonctionnaire. Ils se souviennent d'au moins un ou deux autres incidents de ce type survenus en vol au cours des dernières années.

Le service a déclaré qu'il ne soupçonnait pas de problèmes systémiques avec la perche. Il n'est pas clair si l'incident du 15 octobre est lié aux multiples problèmes de conception de la perche que l'Air Force a ajoutés à la longue liste de défauts du KC-46′ en 2018, notamment que le tuyau était trop rigide pour ravitailler correctement les avions plus légers.

Cela a empêché le KC-46 de ravitailler l'avion d'attaque A-10C Thunderbolt II. Boeing est toujours en train de redessiner la perche dans le cadre d'un contrat de 2019 d'une valeur maximale de 55,5 millions de dollars.

Le Pegasus est destiné à être un ravitailleur plus polyvalent et plus résistant que les conceptions précédentes et à transporter jusqu'à 65 000 livres de fret.

"L'AMC a confiance dans la capacité du KC-46′ à projeter et à connecter la force interarmées dans le monde entier et continuera à répondre aux missions mondiales à l'appui des exigences du commandement des combattants", a déclaré Mosquera.

L'accident est survenu environ deux mois après que le câble de rétraction de la perche se soit rompu sur un KC-46 de la Garde nationale aérienne du New Hampshire, obligeant l'avion à atterrir avec l'engin déployé. Cet événement n'a pas atteint le seuil nécessaire pour être classé dans la catégorie des accidents les plus graves.

atterrissage-perche-abaissee-d-un-ravitailleur-kc-46a-de-l-usaf-t42934.html

Le général Mike Minihan, chef du commandement de la mobilité aérienne, affirme que les performances de l'avion sont suffisantes pour répondre à une partie de la demande massive d'avions-citernes de l'armée. Entre-temps, l'armée de l'air et Boeing continuent de s'attaquer à de nombreux problèmes matériels et logiciels hautement prioritaires.

Boeing doit couvrir le coût de près de 7 milliards de dollars de réparations nécessaires qui se sont accumulées jusqu'à présent, soit environ 2 milliards de plus que ce que l'armée de l'air a payé pour les avions.

L'armée prévoit d'acheter au moins 179 cellules de KC-46 pour 4,9 milliards de dollars. Les responsables s'attendent à ce que les aviateurs doivent utiliser des solutions de rechange pour piloter les avions jusqu'en 2025 environ, lorsque des correctifs importants seront disponibles.