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Attendu pour décembre, le cahier des charges du futur concessionnaire de l’aéroport pourrait trancher sur l’avenir des associations d’aviation légère, présentes sur le site de la plateforme aéroportuaire. La plus ancienne d’entre elles monte au créneau.
Pour une fois, l’ombre qui plane au-dessus de l’aéroclub de Loire-Atlantique, près de Nantes, n’est pas celle de ses monomoteurs. Elle est plus incertaine, plus fugace. Installée depuis 1980 sur le terrain de l’aéroport de Nantes-Atlantique, à l’ombre des gros-porteurs et des fuselages griffés du logo criard des compagnies low-cost, l’aéroclub initie depuis 1920 aux joies de l’aviation sportive et de loisir. L’association centenaire a bourlingué. Fondée à la fin de l’époque des pionniers par une bande d’aviateurs vétérans de la Grande Guerre elle attirait jadis des foules curieuses au milieu des champs ou sur les plages. Or, elle pourrait bien quitter son aérodrome et retourner à cette simplicité des premiers temps. C’est, du moins, la crainte de sa direction, qui appréhende les «mauvaises surprises» que pourrait contenir le cahier des charges pour le renouvellement de la concession de l’aéroport de Nantes-Atlantique.
«Nous redoutons que ce document ouvre la voie à une éjection de l’aéroclub, du périmètre de l’aéroport», confie Olivier Dumas, président de l’association, au sujet du cahier des charges attendu d’ici à la fin de l’année, et préparé dans le plus grand secret par la direction générale de l’aviation civile. «Nous aimerions que notre présence soit pérennisée par les services de l’État. Mais ce qui nous pend au-dessus de la tête, c’est soit qu’on nous demande de déménager, soit que notre situation ne soit pas abordée, ce qui laisserait notre avenir à la merci du futur concessionnaire».
L’aéroclub a longtemps pu jouir gracieusement de l’accès à l’aérodrome, fréquenté par plus de 230 pilotes et où, chaque année, une centaine de jeunes sont accueillis pour découvrir l’aviation. Cette situation a changé avec l’arrivée de Vinci à la tête de la plateforme aéroportuaire, par l’intermédiaire de sa société concessionnaire Aéroports du Grand Ouest (AGO). D’abord conflictuelle, la relation entre le club et AGO s’est apaisée depuis 2021 ; contre le versement d’un loyer de 15.000 euros par an, l’association s’est engagée à participer au rayonnement de l’aéroport, en accueillant du public, en faisant de la médiation. Il n’est toutefois pas dit que le prochain concessionnaire - s’il devait s’agir d’un autre groupe que Vinci - soit aussi compréhensif.
«Notre cauchemar, ce serait de voir débarquer un concessionnaire n’ayant en ligne de mire qu’une gestion purement commerciale de l’aéroport, comme cela a pu être le cas à Toulouse», poursuit Olivier Dumas, en faisant référence à la concession de l’aéroport Toulouse-Blagnac accordée en 2015 au consortium chinois Casil. Celui-ci avait finalement revendu sa concession à Eiffage en 2019, après quatre années d’une gestion brocardée comme «strictement mercantile et à court terme» par les actionnaires locaux et par la Cour des comptes. Une perspective qui n’est pas pour rassurer le président de l’aéroclub de Loire-Atlantique . «Si cette vision de l’aéroport devait l’emporter, alors effectivement, nous pourrions être très bien poussés vers la sortie, pour que notre terrain soit remplacé par un parking - hélas plus économiquement intéressant», soupire Olivier Dumas.
Animé par une quinzaine d’instructeurs, dont plusieurs bénévoles, l’aéroclub joue un rôle important dans la formation et l’éveil des apprentis pilotes en Loire-Atlantique, ainsi que dans la formation initiale des pilotes professionnels. Il assure, avec l’aéroclub Airbus voisin, l’unique offre d’aviation légère dans l’agglomération nantaise. Leur flotte de monomoteurs irrite cependant quelques élus locaux, qui se sont fait l’écho de nuisances sonores importantes, notamment au-dessus de Bouaye. Un problème en passe d’être réglé, promet la direction de l’aéroclub, qui affirme avoir investi plus d’1,2 million d’euros dans le renouvellement et la remotorisation de sa flotte, promise à être plus silencieuse et moins énergivore. Las, le vice-président de Loire-Atlantique chargé des mobilités, le maire de la commune - Freddy Hervochon - est monté au créneau pour réclamer l’inscription du déplacement des aéroclubs dans le futur cahier des charges de l’État. «Cette activité peut être délocalisée facilement, sans impact économique», avait-il déclaré en octobre à Ouest France , en fustigeant sans «état d’âme» un «loisir» jugé trop incommodant. Et manifestement pas assez lucratif pour son territoire.
https://www.lefigaro.fr/nantes/l-aerocl ... n-20241118