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Toulouse. Quand des étudiants volaient un avion de chasse… à la force des bras !
En 1978, un groupe d'élèves de l'INSA Toulouse a dérobé un avion de chasse trônant dans la cour de l'école rivale, l'ISAE-SUPAERO. Retour sur un casse rocambolesque.
En 1978, des étudiants de l'INSA Toulouse ont dérobé un avion de chasse dans la cour de l'ISAE-Supaéro.
Saviez-vous que l’un des casses les plus audacieux du XXe siècle avait eu lieu à Toulouse ? C’était un dimanche soir de mai 1978, dans la cour de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-SUPAERO). Ici, il n’est guère question de lingots d’or, diamants et autres bijoux. Non, ici le bien volé est… un avion de chasse. Rien que ça !
Ils ramènent un Mirage dans leur campus
En ce dimanche soir de Pentecôte, un groupe d’étudiants-ingénieurs de l’INSA Toulouse (Institut National des Sciences Appliquées) profite de l’obscurité et du sommeil du gardien pour s’introduire à SUPAERO. L’objectif de cette visite nocturne ? Ramener sur leur campus le Mirage III qui trône dans la cour.
Le train d’atterrissage est déjà sorti. Les « voleurs » tirent l’avion et parviennent, tant bien que mal, à l’extraire de l’enceinte. L’aéronef est ensuite tracté jusqu’à l’antre des cambrioleurs pour être exposé comme une prise de guerre sur le terrain de foot du campus.
Pendant son escale à l’INSA, l’avion est tagué de messages humoristiques, d’inscriptions antimilitaristes et repeint… en rose !
Une vingtaine d'étudiants de l'INSA Toulouse ont participé à la prise du Mirage de SUPAERO.
Tout est parti d’une blague
43 ans après, ce coup d’éclat fait encore la fierté des membres de l’INSA. « Tout bon Insaïen qui se respecte est convaincu de la supériorité de notre école ! », peut-on lire sur un forum d’anciens étudiants de cet école d’ingénieurs.
Thierry, un ancien élève qui a immortalisé toute l’opération avec son appareil photo, se souvient d’une histoire « partie d’une blague ».
"Le canal du Midi, qui sépare les deux campus, avait été vidé pour être nettoyé. Au milieu, on a découvert une magnifique moto qui, manifestement, avait été jetée. On a vu ça donc on a décidé d'aller chercher des cordes au club d'escalade pour aller la sortir et la retaper".
Le temps de faire l’aller-retour, un autre groupe d’élèves de SUPAERO s’empare du deux-roues. « Ils étaient en train d’enlever la moto. On leur a expliqué qu’on l’avait vu avant et qu’elle était à nous. Ils ont rigolé… Alors on leur a dit : ‘Puisque c’est comme ça, on vous volera le Mirage !’. Ils ont encore rigolé en nous disant d’essayer ». Qu’à cela ne tienne !
« On a croisé une voiture qui arrivait en sens inverse… »
À l’aide de cordes et à la force des bras, les étudiants parviennent à faire sortir l’avion de SUPAERO. « Il faisait nuit. C’était amusant car on a croisé une voiture qui arrivait en sens inverse. Quand elle a réalisé ce qui arrivait devant elle, elle a fait demi-tour vite fait ! », rigole encore aujourd’hui l’homme passé par l’INSA.
"On lui a fait traverser le canal du Midi, puis nous sommes arrivés à l'aube sur notre campus. Cette blague a pris beaucoup de temps".
Contrairement à certaines rumeurs, « il n’y a jamais eu de 2CV » pour tracter l’aéronef, assure celui qui a photographié l’intégralité de la séquence.
Le Mirage de SUPAERO a été tagué avant d'être repeint en rose par les étudiants de l'INSA Toulouse.
SUPAERO a récupéré son avion
« L’avion est resté pendant trois à quatre jours. Puis un jour, on a été réveillé très tôt par le bruit d’un tracteur. Il était en train d’enlever le Mirage et de le ramener à SUPAERO, se souvient Thierry. Le directeur de l’école nous a ensuite réunis en amphi. Il a expliqué qu’il s’était engagé à remettre le Mirage en état auprès de son homologue de SUPAERO ».
Un « commando nettoyage » composé de plusieurs étudiants de l’INSA s’est attelé. « Après leur passage, il ne restait plus une cocarde ! », se remémore le photographe amateur.
"Deux ans après, lors d'une visite ministérielle à SUPAERO, on s'est demandé s'il n'y avait pas une connerie à faire là -bas… Eh bien, cette fois, le Mirage était gardé par des gendarmes armés !"
Aujourd’hui, l’avion rénové se trouve toujours entre les murs de l’ISAE-SUPAERO, à côté de la piscine. Et cette fois, les roues sont scellées afin d’éviter un remake de cette folle soirée des années 70.
https://actu.fr/occitanie/toulouse_3155 ... 84588.html