La Une | Jeudi 11 octobre 2012 | 19h56
Avion syrien intercepté
Moscou somme Ankara de s'expliquer
La Russie a exigé jeudi des explications de la Turquie après l'interception la veille d'un avion de ligne syrien reliant Moscou à Damas. L'appareil a été contraint de se poser à Ankara pour vérifier une «cargaison suspecte».
Moscou accuse notamment Ankara d'avoir «mis en danger les passagers» parmi lesquels se trouvaient 17 Russes. Pour justifier une telle intervention, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a pour sa part affirmé que l'avion transportait des «munitions» et du matériel militaire à destination de Damas.
«Nous livrons nos armes en respectant totalement les normes internationales», lui a répondu le porte-parole de l'agence russe d'exportations d'armes Rosoboronexport, Viatcheslav Davidenko. Moscou n'a jamais caché qu'elle livrait des armes à Damas.
Les autorités turques ont en outre «refusé de laisser les diplomates (russes) se rendre auprès de nos concitoyens, qui sont restés confinés huit heures dans l'aéroport», s'est indigné le ministre russe des affaires étrangères dans un communiqué.
La Syrie a de son côté accusé la Turquie de comportement «hostile» et a réclamé la «restitution intégrale» des marchandises confisquées dans l'avion.
«Piraterie aérienne»
Le ministre syrien des Transports, Mahmoud Saïd, a estimé qu'Ankara s'était livré en l'occurrence à un acte «de piraterie aérienne, violant les traités de l'aviation civile», selon la chaîne de télévision libanaise Al-Manar, la station du Hezbollah, allié de Damas.
Une opération considérée comme «un signe supplémentaire de la politique hostile menée par le gouvernement Erdogan qui abrite (les rebelles) et bombarde le territoire syrien», a pour sa part commenté le communiqué du ministère syrien des affaires étrangères.
De son côté, Ankara a rejeté ces accusations «sans fondement». Le chef de la diplomatie turque a indiqué que «toutes les mesures avaient été prises dès l'atterrissage de l'avion pour assurer la sécurité et répondre à tous les besoins des passagers».
«Nous sommes déterminés à contrôler les transferts d'armement vers un régime qui commet de tels massacres parmi les civils. Il est inacceptable qu'un tel trafic passe par notre espace aérien», a déclaré à la télévision le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.
Tension entre Moscou et Ankara
Les tensions entre la Turquie et la Syrie, depuis des tirs syriens meurtriers sur un village frontalier turc le 3 octobre dernier, ont également entaché la relation entre la Russie et la Turquie.
Une visite du président russe en Turquie a été reportée à une date ultérieure, a déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, sans préciser la raison ni la date initialement convenue.
Plus tard jeudi, le bureau de presse du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé que la visite de Vladimir Poutine, prévue initialement le 15 octobre, avait été repoussée au 3 décembre.
Combats dans une ville stratégique
Sur le terrain, les rebelles auraient remporté une victoire clé en prenant le contrôle de plusieurs kilomètres d'une autoroute. Celle-ci se situe à hauteur de la ville de Maaret al-Noomane et relie la capitale Damas à Alep, théâtre d'une bataille cruciale depuis près de trois mois.
En deux jours, les insurgés seraient parvenus à prendre le contrôle de huit positions de l'armée dans cette ville stratégique, passage obligé pour les renforts de l'armée se rendant à Alep, plus au nord.
De violents combats se concentrent désormais dans des localités situées à l'est de cette cité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les deux belligérants voulant à tout prix empêcher la progression de la partie adverse.
Les forces de Bachar al-Assad conservent deux bases importantes en périphérie est. «Pour tenter d'alléger la pression, l'aviation bombarde sans relâche les positions rebelles», selon le président de l'OSDH. Dans le centre du pays, les quartiers rebelles de Homs et la localité de Qousseir étaient toujours la cible d'attaques, a encore indiqué l'OSDH, malgré l'annonce par l'armée il y a trois jours du «nettoyage» des dernières poches de résistance.
Ces informations restent toutefois difficilement vérifiables en l'absence de sources indépendantes sur place.
http://www.tdg.ch/monde/ankara-laisse-r ... y/16767852