Dublin (Irlande) - Micheal O'Leary (MOL) semble ne pas avoir abandonné son idée de proposer des vols transatlantiques à 10€, hors de toutes charges et taxes, d'ici à quelques années et ambitionne de réussir là où d'autres compagnies ont échoué, parfois douloureusement financièrement, et de transposer ainsi le modèle économique low-cost de sa compagnie aérienne
Ryanair qui réussit fort bien en Europe, au reste du monde et de capter un marché estimé à 15% de voyageurs qui ne recherchent que les tarifs les plus bas.
Même si l'idée parait intéressante sur le papier, elle pose toutefois de nombreux problèmes qui, s'ils ne sont pas insurmontables, n'en restent pas moins délicats à appréhender. MOL ne voulant pas proposer qu'une seule destination au départ d'un seul pays mais, comme il l'indique, toucher une quinzaine de villes nord-américaines au départ d'un quinzaine ou d'une vingtaine de villes européennes, il estime qu'il lui faut entre 40 et 50 appareils pour pouvoir organiser de telles dessertes. Sa flotte de Boeing 737 ne permettant pas d'effectuer des vols transatlantiques, il a pensé à acquérir des tout récents Boeing 787 mais les carnets de commandes chez le constructeur américains sont pleins pour encore de nombreuses années et le temps minimum d'attente est estimé à 5 ans pour en obtenir un exemplaire. Sans parler des autorisations qu'il faudra négocier auprès des autorités aériennes nord-américaines et des créneaux sur chacun des aéroports. Un autre des gros soucis d'un tel projet est que les appareils Ryanair partent de petits aéroports où les charges sont moins élevées. Faire transporter par car une grosse centaine de passagers, avec peu de bagages, vers Beauvais, pour aller quelque part en Europe, est relativement aisé. Faire venir dans le même aéroport plus de 400 personnes, avec bagages, pour faire un Beauvais - New York, ou plutôt un Beauvais - Long Island Mc Arthur Airport pour rester dans la politique Ryanair, risque d'être une gageure. Ajoutez à cela les formalités de douanes et de police et vous aurez une idée précise des difficultés qui vont être rencontrées.
En ce qui concerne le tarif, si MOL annonce bien 10€ l'aller, il ne cache pas que si l'on y ajoute les surcharges habituelles pratiquées par la compagnie, le vol aller risque plutôt de voisiner les 500€, ce qui, pour beaucoup de passagers, ne se différenciera en rien d'autres bas tarifs rencontrés sur d'autres compagnies. Avec un service de meilleur qualité puisque, fidèle à ses principes, MOL n'a jamais parlé de boissons qui ne soient pas payantes à bord. D'autres compagnies se sont cassées les dents sur ces vols transatlantiques à bas coûts et même l'expérience tentée par des compagnies asiatiques, AirAsiaX, Scoot, JetStar Asia, sur des vols trans-sud est asiatiques ne s'est jamais révélée être une affaire profitable. Beaucoup pensent que MOL fait là encore une opération médiatique et rappellent qu'en 2007, Micheal O'Leary avait déjà annoncé que dans deux-trois ans, Ryanair effectuerait des liaisons vers les États-Unis.