Les Echos d'aujourd'hui:
https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/letat-italien-recherche-desesperement-un-partenaire-pour-le-sauvetage-dalitalia-1016075Le plan de sauvetage d'Alitalia a du plomb dans l'aile. La date butoir pour présenter l'offre liante de reprise de la compagnie aérienne en difficultés était le 30 avril. Elle devrait être reportée pour la troisième, et dernière fois ?, après les élections européennes. Luigi di Maio, le ministre du développement économique, a reconnu qu'il manquait un partenaire disposé à prendre 15 % du capital de la société mise sous tutelle depuis le 2 mai 2017.
Le gouvernement souhaite lancer une « nouvelle Alitalia » dont l'Etat serait le principal actionnaire avec 15 % du capital détenu par le ministère de l'économie et 30 % par le groupe ferroviaire Ferrovie dello Stato (FS). L'entreprise publique de chemins de fer est en discussion avec Delta Airlines qui entrerait à hauteur de 15 % dans le capital initial, lequel serait compris entre 700 et 800 millions. La compagnie américaine est seule en lice après le retrait de la Britannique easyJet.
La famille Benetton rechigne
Les négociations ont en outre impliqué, sans succès, China Eastern Airlines, la Poste italienne, la Caisse d'épargne italienne, le groupe de construction navale Fincantieri et, plus récemment, Toto, l'ancien propriétaire de la compagnie aérienne Air One. Tous ont rejeté les avances du gouvernement et renoncé à déposer une offre liante. Ce dernier se retourne désormais vers Atlantia, le groupe contrôlé par la famille Benetton. Une discussion qui s'avère délicate tant celui-ci a été voué aux gémonies de la Ligue et du M5S après l'effondrement meurtrier cet été du pont de Gênes, dont Atlantia était le gestionnaire via Autostrade per l'Italia.
Pour l'instant son administrateur délégué, Giovanni Castellucci, a déclaré ne pas être intéressé en raison « des nombreux dossiers ouverts sur lesquels nous sommes engagés en ce moment et qui nous empêche de nous pencher sur un autre aussi complexe. » Il n'a pas oublié la perte de 230 millions d'euros essuyés suite à la participation du groupe à un premier sauvetage d'Alitalia en 2008, lorsque Silvio Berlusconi avait réquisitionné les acteurs du secteur privé, ni la menace de l'actuel gouvernement de lui retirer ses concessions autoroutières. Un geste d'apaisement sur ce dossier pourrait néanmoins permettre aux Benetton de surmonter leurs réticences.
Le temps presse. Alitalia perd quotidiennement 1 million d'euros. Le prêt-relais de 900 millions consenti par le gouvernement, soit 1,1 milliard avec les intérêts, doit être remboursé le 30 juin prochain. D'ici là , les élections européennes auront eu lieu et le ciel d'Alitalia se sera dégagé… ou encore assombri, avec des concurrents prêts à profiter de la liquidation d'une compagnie aérienne, dont le sauvetage devient de plus en plus chimérique.
Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)