MAKS 2019
Présentation et démonstration du 26 août 2019 :
Le concurrent russe de l'A320 peine toujours à décoller
Présenté à Moscou comme le concurrent russe de l'A320, ce biréacteur moyen-courrier accumule les retards. Nouvelle vitrine des projets phares du Kremlin dans l'industrie aéronautique, il devait initialement entrer en exploitation en 2017. Trois modèles seront présentés au Maks, le Salon aéronautique russe.Problèmes techniques, choix délicats et sanctions américaines : les obstacles se multiplient pour l'envol du MC21. Présenté comme le concurrent russe de l'A320 neo, ce biréacteur moyen-courrier conçu par Irkut est toujours en période de « vol tests » pour les certifications russes et européennes.
A deux reprises cette année, en février et juin, des experts de l'EASA (European Aviation Safety Agency) ont effectué des vols en Russie. Mais pour le moment, quelques parties seulement de cet avion supposé remplacer les vieux Tupolev ont été certifiées aux standards européens. Et ces certifications concernent principalement le moteur américain de Pratt & Whitney PW1400G-JM, qui équipe les trois avions tests présentés cette semaine au Maks, le Salon aéronautique russe.
Brouillard sur le moteur russe
Le MC21 doit en principe pouvoir aussi voler avec un moteur russe, le PD-14 conçu au sein de la société publique United Aircraft Corporation (UAC), qui réunit les constructeurs Irkut, Sukhoi, et Tupolev. « Le PD-14 a été certifié selon les standards nationaux l'an passé. Un premier avion est construit avec ce moteur. Le vol test est prévu en 2020. Cela suit donc son cours », a expliqué aux « Echos » la porte-parole d'Irkut, précisant que les premiers tests avec le moteur de Pratt & Whitney avaient « confirmé la viabilité des choix » effectués.
Les vols de six heures entre le site du groupe à Irkoutsk, en Sibérie, jusqu'au Maks à Moscou, ont été de bons tests. « L'avion vole enfin ! Mais la réalité est que le MC21 ne peut fonctionner qu'avec le moteur de Pratt et Whitney car le moteur russe est loin d'être prêt, voire ne le sera jamais… » affirme une source proche du projet parmi les équipementiers européens.
Restrictions américaines
Décliné en trois versions (163, 181 et 211 sièges), le MC21 fait appel de manière inédite aux matériaux composites, afin de gagner en poids. Selon les plans, ses ailes plus légères doivent théoriquement permettre une baisse des coûts opérationnels de 6 à 7 % sur les derniers nés d'Airbus et de Boeing et de 15 % sur les autres versions.
Dernièrement, les nouvelles sanctions américaines ont créé un obstacle de plus, ajoutant une restriction sur les matériaux composites. Le Trésor américain a inclus la société russe Aerocomposite, membre de l'UAC, dans la liste des groupes concernés par les sanctions car elle produit une technologie à double usage civil et militaire. Faute de pouvoir se fournir chez les Occidentaux, Irkut teste actuellement des fournisseurs en Russie. D'où un nouveau retard.
Difficile certification
Au début du programme, Irkut avait prévu une mise en exploitation en 2017, puis en 2019. Il espère désormais obtenir les certifications d'ici à 2021 (en tout cas, avec le moteur Pratt & Whitney). Progressivement, la production doit passer à 72 appareils par an, avec d'ici à 2030 des ventes de plus de 1.000 appareils. Pour le moment, le carnet compte 175 commandes fermes, loin derrière l'A320 neo ou le B737 MAX.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/le-concurrent-russe-de-la320-peine-toujours-a-decoller-1126546