MARIE MARVINGT, celle qui inventa l'avion sanitaire.
Alpiniste, cycliste, nageuse, pilote d'avion, infirmière et bien plus encore, la « fiancée du danger » a mis au point le premier avion sanitaire en 1914.
Aujourd'hui, le nom de Marie Marvingt est largement tombé dans l'oubli. C'est un petit scandale. Aurait-elle été un homme que la gloire lui aurait été promise. Aucune femme n'a décroché autant de médailles dans les sports extrêmes. Peu de femmes ont autant combattu sur un front en tant que soldate ou infirmière. Durant les deux guerres mondiales, elle a inventé l'avion sanitaire et même un nouveau type de sutures extrêmement rapide à réaliser.
Marie naît à Aurillac en 1875. Son père la pousse à devenir une sportive de haut niveau. Il ne cesse de l'encourager à se dépasser. Marie explore de nombreuses disciplines avec succès. Passionnée de vélo, elle remporte plusieurs grandes courses. En 1908, à 33 ans, elle ose même s'inscrire au Tour de France, dont le règlement n'exclut a priori pas les femmes. Comme les organisateurs l'éconduisent malgré tout, chaque jour, elle parcourt l'étape, quelques minutes derrière le peloton. Elle parvient à boucler les 14 étapes sur 4 488 kilomètres. Sur les 110 hommes au départ, seuls 36 en font de même.
Elle devient une des toutes premières femmes à décrocher le certificat de capacité automobile. Elle participe à plusieurs courses dans le Sahara. C'est également une alpiniste accomplie, parvenant à vaincre une vingtaine de sommets dans les Alpes. Elle nage aussi. À 31 ans, elle est la première femme à traverser Paris à la nage et plusieurs autres villes. Nous allions oublier les sports de neige et de glace où elle excelle avec une vingtaine de médailles d'or dans ces disciplines. Les journaux la surnomment « La fiancée du danger. » Il faudrait encore parler de ses exploits en gymnastique, en athlétisme, au tir et à l'escrime. Elle devient une aéronaute émérite, reliant Nancy à l'Angleterre en ballon. L'aviation ne pouvait la laisser de glace. En 1910, c'est la troisième femme au monde à obtenir un brevet de pilote d'aéroplane.
Ses prouesses sportives ne l'empêchent pas de décrocher un diplôme d'infirmière de la Croix-Rouge. Dès 1910, elle marie ses deux amours, l'aviation et le soin, en imaginant, avec un ami ingénieur, un avion sanitaire dont elle dessine les plans. Concertée, la Direction de l'aéronautique militaire lui donne son approbation.
Elle multiplie les conférences dans le pays pour financer la construction d'un prototype, mais la déclaration de la Grande Guerre interrompt ses travaux. Pour Marie, pas question d'être une simple infirmière à l'arrière, elle veut piloter un bombardier ! Elle parvient à effectuer deux missions avant que l'état-major ne lui interdise de voler en raison de son sexe. Déçue, durant deux ans et demi, elle assiste un chirurgien militaire à Metz avec le grade d'infirmière-major. On la voit souvent se faufiler sur les champs de bataille, sous les bombardements, pour porter secours aux blessés. Mais cela ne lui suffit pas. Elle veut combattre !
Finalement, elle décide de se déguiser en homme. Elle trompe son monde et parvient à rejoindre une unité combattante. Durant 47 jours, elle tient son rôle avant d'être démasquée. La voilà obligée de reprendre son habit d'infirmière. Le général Foch, en personne, l'autorise à rejoindre un régiment de chasseurs alpins sur le front italien. Elle utilise ses talents de skieuse et d'alpiniste pour évacuer les blessés. Une fois les hostilités finies, Marie reprend ses tournées de conférences pour promouvoir l'aviation sanitaire, surtout en Afrique. De passage au Maroc, elle invente les skis métalliques pour dévaler les dunes.
À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, Marie fonde le corps des ambulances volantes. Quand les hostilités débutent, elle a 62 ans. Ce qui ne l'empêche pas d'enfiler à nouveau son uniforme d'infirmière militaire. Elle crée un centre de convalescence pour les aviateurs blessés et met au point un point de suture plus rapide que ceux existants, de façon à laisser le moins de temps possible la blessure exposée aux microbes. La paix revenue, Marie ne dépose pas les armes. Elle continue de s'activer. En 1959, à l'âge canonique de 84 ans, elle devient pilote d'hélicoptère, et deux ans plus tard, elle relie Nancy à Paris à vélo, à raison de 100 kilomètres par jour.
L'infirmière héroïque meurt en 1963 ans, dans le dénuement le plus total, riche de la plus belle brochette de médailles et décorations militaires de tous les temps : 34 en tout.
Le Point.fr
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