Après deux jours d’exploration dans la garrigue au nord de l'Hérault, les membres de l'association toulousaine Aerocherche ont retrouvé cet été les vestiges d’un Breguet XIV des lignes Latécoère, cent ans après son crash dans la montagne de Cabrerolles (Hérault) le 6 novembre 2024. L’avion transportait le courrier entre Perpignan et Marseille.
Son pilote, Georges Payan, âgé de 31 ans, faisait partie des pionniers du transport postal aérien. Son corps et le courrier qu’il transportait avaient été évacués juste après l’accident. L’épave, elle, était tombée dans l’oubli.
Jusqu’à ce courriel envoyé il y a quatre ans par un passionné de l’Aéropostale à l’association Aérocherche connue pour son implication dans la sauvegarde du patrimoine aéronautique. "Il nous rappelait qu’un Breguet XIV était tombé près de Cabrerolles dans l’Hérault. Mais la zone était vaste, montagneuse et il ne devait plus rester grand-chose d’un avion fait essentiellement de toile et de bois… On a laissé tout ça en sommeil et puis un de nos membres, Olivier Jordan, s’est dit que, pour l’année du centenaire du crash, on devait quand même essayer de retrouver les vestiges de l’avion", raconte Gilles Collaveri, président d’Aérocherche.
L’association trouve appui auprès d’un adjoint au maire de Cabrerolles, sensible à l’histoire de cet avion qui s’était transmise de génération en génération. Un des anciens du village, aujourd’hui âgé de 94 ans, leur indique la zone sur un plan. "Une fois les autorisations officielles obtenues, nous sommes partis arpenter la garrigue et les pierriers en pensant que c’était mission impossible… Il nous fallait de la chance, on en a eu ! Après deux jours de recherche dans des endroits très reculés, nous sommes tombés tout d’un coup sur un moteur d’avion. Les cylindres, le vilebrequin, le porte-hélice, un morceau du radiateur, tout était là ! Et un peu plus loin, posé sur les cailloux, il y avait le fuselage. On a même trouvé des pièces de monnaie espagnoles que Georges Payan avait dans ses poches, certainement ramenées d’un de ses trajets vers Casablanca où il était chef d’escale".
Les bénévoles de l’association, aidés par des habitants de la commune, reviennent au mois de septembre pour ramener les vestiges. Le moteur, de plus de 200 kg, est sanglé sur une échelle pour être redescendu au village à dos d’hommes. Les éléments de la structure sont également rapatriés. L’ensemble sera exposé et une stèle mémorielle inaugurée le 9 novembre prochain à Cabrerolles à l’occasion du centenaire de cet accident. Des petits-neveux du pilote seront réunis ainsi que des membres de la famille Latécoère.
Mort à 31 ans Georges Payan était un pionnier de l’Aéropostale."C’est incroyable de retrouver autant de vestiges de cet avion construit en 1918 et de se rappeler l’histoire de ce pilote oublié alors qu’il a été un des pionniers du transport aérien. Jean Mermoz en parle dans son journal de bord : il a été embauché sur les lignes Latécoère le jour de l’accident. D’après la rumeur familiale, Georges Payan a remplacé un pilote au pied levé, il n’aurait pas dû mourir ce 6 novembre. On pense qu’il suivait la côte quand un orage de type cévenol l’a piégé au niveau de Narbonne", glisse Gilles Collaveri.