100 jours par an passés à bord d'un (magnifique) jet privé, à voyager d'un continent à l'autre.
Le rêve pour certains, ou peut-être l'enfer pour d'autres.
Paris, Amsterdam, Rio de Janeiro, Beyrout, Tokyo, New York ou même Moscou...
Tout le temps, sans arrêt, toute l'année...
Limousine, tarmac, décollage, vol, boulot, dodo, vol... atterrissage, tarmac, limousine...
Pendant 20 ans.
Ça use, ça use...
C'est peut-être un des hommes qui a le plus d'heures de vol en jet privé à son compteur (à part quelques pilotes, et encore...).
Il passe le tiers de sa vie dans son avion privé, il y bosse, et il y dort dans son lit spécialement aménagé pour lui dans son avion...
Alors vous avez deviné ?
Non ?
Bon, ben alors encore un indice : N155AN.
C'est la célèbre immatriculation du principal Corporate Jet de Nissan (alliance Nissan-Renault-Mistubishi), réservé exclusivement à son ex-grand patron Carlos Ghosn, actuellement en détention provisoire au Japon pour des affaires financières en cours d'instruction.
Il s'agit d'un Gulfstream G650 ER (Extended Range), numéro de série 6187.
Un bien bel avion, ce G650-ER !
D'après
Wikipédia, c'est le plus grand et le plus rapide des avions d'affaires de la gamme chez Gulfstream, avec une vitesse maximale de Mach 0.925...
Et aussi et surtout 7500 Nm (13900 km) d'autonomie, plafond max FL510 (15500 m), hé hé ... !
Bref, un beau petit bijou à presque 70 millions de dollars, quand même !
Il faut dire que son principal utilisateur en a bien besoin, car Mr Carlos Ghosn est un peu un "globe-trotteur" depuis toujours.
Né au Brésil en 1954, il part vivre au Liban à l'âge de 6 ans, d'où ses parents son originaires.
A l'âge de 16 ans, il va en France faire de brillantes études à l'École polytechnique, puis à l'École des Mines de Paris.
Sa carrière professionnelle débute chez Michelin, puis 20 ans après, il est nommé DG adjoint chez Renault en 1996, et c'est là que Louis Schweitzer lui conseille de prendre la nationalité française, à l'âge de 42 ans.
Dès lors, il possède la triple nationalité : Libanaise, Brésilienne, et Française.
Il devient rapidement n°1 de Renault, et organise l'alliance avec Nissan en 1999, qu'il ressuscite, et il devient l'un des patrons les plus influent dans le monde de l'automobile, avec le surnom de "cost killer".
Adulé par certains, et détesté par d'autres...
Polyglotte, Ghosn parle couramment l'anglais, l'arabe, le portugais et le français, a une bonne maîtrise de l’espagnol et a appris un peu de japonais.
Étonnamment, il garde des racines un peu partout où il a vécu : au Brésil, en France, et surtout au Liban, à Beyrouth.
Du coup, il a fait acheter de somptueuses maisons et des appartements un peu partout dans le monde pour son usage personnel par une filiale de Nissan (basée au Pays-bas), pour des dizaines de millions de dollars.
A Beyrouth, Ã Paris, Ã Rio, Ã Amsterdam, Ã Tokyo, Ã New York...
On ne sait pas trop bien pourquoi il ne les a pas achetés sur ses fonds personnels (car il en a les moyens ! Pas de souci là dessus !), mais sa préférée, c'est à Beyrouth, au Liban.
C'est là qu'il s'y sent le mieux, le plus chez lui, quand il n'est pas dans son jet G650ER, donc pas très souvent...
(si si, cette simple maison à Beyrouth vaut plusieurs dizaines de millions de dollars ! Et elle appartient toujours à Nissan)
Pour donner une idée de ses déplacements, le G650ER N155AN de Carlos Ghosn a décollé 8 fois de Beyrouth dans les 7 semaines précédant son arrestation à Tokyo, selon le très sérieux Wall Street Journal du 16 décembre 2018.
Sauf qu'il n'y a pas d'usine NISSAN au Liban, ni d'usine Renault, ni rien en rapport avec son job... Bref !
C'est un peu comme nous, quand on va au boulot chaque matin depuis notre domicile, on peut se faire payer les frais de déplacement, et parfois même un véhicule de fonction.
Mais quand t'as un job à Tokyo ou à New York, et que tu habites toujours à Tombouctou, ben c'est parfois un peu la galère pour les déplacements, quoi, à moins de déménager et de se fixer quelques part...
Enfin bon, bref...
Mais ce qui je pense à dû commencer à énerver un peu quelques comptables Japonais un peu zélés ou autres cadres de chez Nissan Japan (et bizarrement pas tellement chez ceux de Renault en France !), c'est que à chaque fois que Mr Ghosn atterrissait à Beyrouth pour rejoindre sa famille (donc plus d'une fois par semaine ces 2 derniers mois) avec son joli jet G650ER, les pilotes avaient alors l'ordre de redécoller illico pour aller parquer l'avion à Chypre, pour des raisons de sécurité.
Précautions nécessaires ? Je ne sais pas ! Jamais entendu parlé d'un jet privé détruit sur l'aéroport de Beyrouth...
Donc des vols Beyrouth-Chypre (112 nm ! 208 km !) incessants, juste pour des histoires de parking éventuellement plus "sécurisé" !
Tu atterris à Beyrouth, mais pour le garage, faut redécoller...
Et en attendant toujours le moindre signal de Mr Ghosn, à sa demande, pour revenir le récupérer vite fait à Beyrouth depuis Chypre, et repartir illico vers Paris, Rio, Amsterdam, New York, Amsterdam, Tokyo...
Pfffiou ! Quelle vie de pilotes, quand même ! Chapeaux à eux !
Pour un seul trajet, tu fais 4 legs mininum, avec le Ghosn au Liban dans sa famille...
Alors si ça se trouve, à la fin, ça à dû commencer à les énerver un peu, les Japonais, je ne sais pas... (ou encore d'autres choses aussi, si ça se trouve !)
En tout cas, cette histoire, ça me fait un peu penser à moi aussi, et comme je galère chaque jour avec ma vieille Ferrari F50 pour trouver une simple place de parking un peu safe dans le 93, car ce n'est pas si facile, je peux vous le dire !
Je suis obligé de me garer parfois à 3 km de chez moi et de rentrer chez moi à pieds, alors bonjour comme c'est pratique ! Merci bien !
Surtout avec tous les sacs de courses du supermarché à trimballer !
Quelle galère...
Parfois, c'est pas si cool d'être riche, moi je vous le dit !
Et encore, heureusement que je n'ai pas un Gulfstream G650ER Ã moi, car je n'en dormirais pas !
Rien qu'à me demander où le garer...
Surtout avec les Gilets Jaunes en ce moment... (note à moi-même: penser à dire à Régis de poser un gilet jaune sur le tableau de bord du Falcon, on ne sait jamais...)
Pfffff ! Quelle galère finalement, ce monde, maintenant...