Chapachat a écrit:
C'est incroyable de se retrouver là -dedans
Un peu d'inconscience que de voler dans des conditions telles non ? Un cunimb on le voit arriver de loin en avion, mais alors en parapente, si on se retrouve de-dans c'est qu'on a joué sur un fil rouge à ses abords
Pas forcément. Il y a des CB "embedded", c'est à dire noyés dans la masse nuageuse et invisibles. Certes, une étude météo sérieuse renseigne sur l'existence de ces CB.
Ensuite, il faut savoir que ces CB sont dangereux pas seulement à l'intérieur, mais jusqu'à des dizaines de km. De forts courants aux directions changeantes annoncent généralement la proximité d'une telle cellule.
Je n'ai trouvé que ce schéma mais il en existe d'autres plus parlants.
Jeune appelé du contingent, j'ai été victime aussi d'une montée non désirée à proximité d'un CB.
C'était une séance de saut dite "sportive" puisqu'elle se passait le jeudi matin, jour dévolu aux sports pour les militaires de la base aérienne. Nous étions deux appelés a avoir été admis à sauter avec les pros depuis un Broussard sur la base de Saintes.
Les rotations s'enchainaient au rythme des capacités d'évolution de l'avion et d'un coup, le vent s'est levé. A l'époque, mes connaissances météo n'étaient pas celles d'aujourd'hui et cela ne m'a pas mis en alerte. Pas plus que les officiers présents et le directeur de séance. Tout au plus, contrôla-t-il le vent avec son anémomètre portatif, et jaugeant notre empressement à sauter et notre brevet TAP, fit faire un 180° à l'anémomètre dans sa main et déclara avec un sourire de connivence :
- Il n'y a plus de vent !
Je précise qu'il s'agissait de sauts en automatique avec des parachutes hémisphériques non dirigeables. Les atterrissages étaient ...virils !
Arrivé sur la zone de saut à l'altitude requise, je saute de l'avion, avec une ouverture presque immédiate de l'avion. Mon collègue me suit derrière à quelques secondes. Et là , stupeur ! Je remonte et dépasse mon collègue ! Quelques temps après, c'est à son tour de monter.
Bien évidemment, nous dépassons la zone de poser. Je commence à m'inquiéter si je vais pouvoir atterrir dans l'enceinte de la base, parcourue par d'innombrables lignes électriques. Nous la dépassons allègrement sans avoir perdu d'altitude, bien au contraire. Je commence à m'inquiéter et songe à un cas semblable que j'avais lu dans le Reader Digest. Des parachutistes étaient morts de froids, d'asphyxie, aspirés par un CB, quelque part en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande, je ne me souviens plus.
Comment descendre alors ?
Élève pilote alors, je savais qu'il fallait détruire la portance. J'invente une technique pour ce faire : je saisis un élévateur avant et le descends avec effort pour le coincer sous le ventral. je fais la même chose avec l'autre. Sous cette dissymétrie, la coupole est fortement inclinée et finit par descendre. Mon collègue, m'ayant vu faire, fait de même.
On finit par atterrir à des km de la base dans un champ labouré. Mais l'histoire ne s'arrête pas là . Le vent a forcé et souffle en rafales, et à chaque fois que je tente de me relever pour ramener la voile, une rafale entraine le parachute avec moi derrière. Breveté parachutiste militaire, j'ai été formé à ce cas de figure. Normalement, il faut tirer une suspente pour "casser" la voile, ou essayer de se débrêler. Sauf que c'est à l'instruction et que là , je suis malmené par des vents violents et que mon corps est une gangue de terre empêchant de distinguer quoique ce soit. Les soubresauts des sillons n'aident pas non plus.
J'ai encore cette image ancrée dans ma mémoire : alors que je suis trainé sur le dos, je vois le Broussard tourner en rond autour de nous à très basse hauteur et je distingue l'adjudant largueur à genoux sur le pas de la porte qui nous observe. Je pense qu'il doit s'inquiéter un peu, tant pour nous que pour sa responsabilité en cas de pépin.
Finalement, une brève accalmie nous permettra de vaincre les 60 mètres carrés de toile gonflée.
Un peu plus tard, un camion viendra nous chercher pour nous ramener à la base. L'évènement sera passé sous silence et les parachutes discrètement dégagés du stock, tant ils avaient souffert.
Les vingt cinq années de parachutisme sportif qui suivirent m'ont mis à l'abri de ce genre d'aventure : chat échaudé craint l'eau froide !