Lundi 23 août 1928. Cinq jour après son départ du Havre, le paquebot Île-de-France file à 23 noeuds vers le continent américain, pour sa première traversée transatlantique. New York n'est plus qu'à 750km.
Personne parmis les 1600 passagers ne voudrait manquer le clou de la traversée, le catapultage de l'Hydravion postal. Installé a l'arrière du bateau, un rail de 35m, sur lequel glisse un chariot mobile propulsé par des pistons à air comprimé, permet de projeter un avion à plus de 110km/h. Le courrier, voir quelques passagers pressés, peuvent ainsi franchir l'Atlantique en cinq ou six jours, soit, à deux jours de moins avec le bateau seul. Tout un exploit à l'époque.
Il est 13h ce lundi 13 août; Demougeot est aux commandes du Lioré et Olivier 198, un hydravion amphibie capable de se poser sur l'Hudson à New York. À ses côtés, Ernest Monrouzeau, opérateur radio, et, en guise de chargement, trois sacs postaux. Le navire a du maneouvrer pour se mettre face au vent, la catapulte, n'étant pas orientable. D'un signe, la passerelle informe Demougeot que le paquebot est en position. Le pilote actionne la catapulte. En une fraction de seconde, l'hydravion est brutalement projeté en avant. Sous les acclamations des passagers, le pilote et son radio effectuent trois tours au-dessus de l'île-de-France en lançant de grands signaux de la main, nullement incommodés par ce catapultage, à plus de 110km/h en à peine 35 mètre. Trois tours d'honneur auxquels le navire répond par trois longs coups de sirène. Un peu plus de quatre heures plus tard, le LéO 198 amerrit en aval de l'Hudson. Le soir même, le courrier est distribué alors que le lendemain, les journaux new-yorkais titrent : \"Quinze heures de moins pour traverser l'Atlantique !\". Couronnée de succès, l'expérience est renouvelée plus d'une vingtaine de fois entre 1928 et 1930.
Durant cette période, un autre hydravion amphibie, le CAMS 37 remplace le LéO148 et le gain de temps passe de 15 à 48 heures. Ce qui n'empêche pas l'abandon des catapultages, peu rentables, car on n'ose pas prendre de passagers. Très contraignant, ils obligent le paquebot à manoeuvrer, parfois dans des situations difficiles. Et surtout, dans les chantiers de Saint-Nazaire, un nouveau paquebot de 300m s'apprête à prendre la mer. Le Normandie sera lancé en octobre 1932. Avec 30 noeuds de vitesse de croisière, il reliera l'Europe en 4 jours seulement. Un délai amplement suffisant pour l'acheminement du courrier. Les petits hydravions n'amuseront plus jamais la croisière...
Quelques photos ....
Et lors des essais ...
Source : magazine AF, mai 2001, nº49