Marseille : ces lasers qui mettent en danger les hélicos du SamuCitation:
Pilotes et assistants en ont assez. Chaque nuit, ils risquent le pire. Ils attendent des gestes forts
Voilà des mois que le scénario se répète. Des mois qu'alors qu'ils font leur devoir, les pilotes et assistants de vol des hélicoptères du Samu sont assaillis dans leur mission quotidienne par des faisceaux laser de couleur verte ou bleue qui les pointent dans les airs. Toujours en phase de décollage ou d'atterrissage. Avec des risques majeurs. Celui de causer un crash de leur aéronef, celui aussi de brûler la rétine de l'oeil de ces professionnels.
Le 11 août dernier, à 2 h 41, tandis que l'un de ces équipages partait chercher un malade à l'hôpital de Briançon, les hommes de l'appareil ont de nouveau été les cibles de ces tristes plaisantins. Du coup, ils ont décidé de piquer un coup de colère. "Tous les étés, c'est la même chose, fulmine Damien Fournier, 23 ans, assistant de vol sur l'hélicoptère du Samu. Dès qu'on vole la nuit, on est bombardés !" Avec son pilote Joël Lecru, ils voudraient que les choses changent, qu'une prise de conscience émerge, que la police prenne la chose au sérieux, car un jour, à les écouter, c'est le pire qui va se produire.
Pour l'heure, leur appel n'a été relayé par personne et aucun dispositif de sécurité publique n'a été pris pour protéger ces soldats des airs qui mettent chaque jour leur vie en danger pour sauver celles de leurs semblables. Il y a peu, ils sont parvenus à géolocaliser l'un des auteurs de ces faisceaux, l'un venant du groupe HLM de la cité la Visitation (14e), un autre d'un bâtiment des HLM des Aygalades (15e). "Parfois, cela vient d'un appartement, parfois d'un parking, mais ce n'est pas toujours évident à déterminer". Il est effectivement difficile de repérer le point de départ précis. "On a prévenu les forces de l'ordre pour leur demander de se rendre sur place, mais on nous a répondu qu'on n'avait pas d'équipage disponible", insiste Damien Fournier. Des photos ont été prises. Elles pourraient bientôt être exploitées utilement. Les pilotes et assistants de vol lancent aussi un appel au civisme de la population.
À les entendre, les auteurs de ces faisceaux dégaineraient leurs viles armes anonymes un peu partout au-dessus de Marseille, avec une prédominance pour les quartiers Nord, mais aussi le port. Même scénario lorsque l'hélico du Samu va se ravitailler nuitamment en carburant sur l'aéroport de Marignane. Pédagogue mais amer, Damien Fournier cite le cas de deux collègues, un pilote et son équipier, qui ont vécu récemment la même mésaventure à Montpellier et ont dû être arrêtés médicalement, parce qu'ils avaient eu la rétine brûlée. "On est dix sur Marseille. Personne, chez nous, n'a jamais été en arrêt de travail pour cela, mais ces faisceaux se multiplient", reprend-il.
Damien Fournier a déjà 376 heures de vol au compteur et son hélicoptère se pose essentiellement sur les routes ou lors des transports de patients interhôpitaux. L'appareil décolle de l'hôpital de La Timone et peut aller jusqu'à Briançon, voire en Corse. Soit un vaste rayon d'intervention. Sur une semaine de travail, il effectue en moyenne 10 heures de vol, mais les gardes sont de sept jours et de douze heures par jour. Elles seront suivies d'une semaine de repos. Le Samu compte à ce titre 5 pilotes et 5 membres d'équipage technique ou assistants de vol.
Il n'est pas rare que ces faisceaux laser ciblent également des avions de ligne. Ils ont déjà été signalés maintes fois auprès de la tour de contrôle de l'aéroport de Marignane.
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