Fusion possible entre Air Austral et Corsair©AJ/Air Austral/AirbusCitation:
Le ministre Olivier Dussopt a évoqué publiquement cette «option». Les deux compagnies sont à la peine.
Dans le transport aérien, la sortie de crise s’avère particulièrement difficile pour les spécialistes de l’outre-mer, qui ont été plombés par la chute du tourisme vers leurs destinations. Air Austral, qui se débat dans les difficultés financières depuis de nombreux mois, a désespérément besoin d’argent frais. Selon le magazine Eco Austral, la compagnie a perdu 76 millions d’euros entre avril 2020 et mars 2021. Lors de l’exercice clos en mars 2021, ce spécialiste de La Réunion a vu son chiffre d’affaires plonger de 55 %, à 185 millions d’euros.
Tout en étant un peu plus gros (282 millions de chiffre d’affaires pour l’exercice clos en septembre 2020, en baisse de 40 %), Corsair souffre également. Même si la compagnie a été récemment sauvée grâce à une recapitalisation menée des entrepreneurs originaires des Antilles et des collectivités locales, et a bénéficié d’un prêt de l’État de 141 millions d’euros et d’un abandon de créances de la part de TUI, l’ancien actionnaire. D’où la rumeur, récurrente depuis de nombreux mois, d’un possible mariage entre Air Austral et Corsair, cette dernière prenant la main. C’est aujourd’hui plus qu’une rumeur: Olivier Dussopt, le ministre des Comptes publics, a déclaré, mardi, à l’Assemblée nationale, qu’un tel rapprochement constituait «une option».
Air Austral est spécialisée dans les liaisons à destination ou à partir de La Réunion. Son actionnaire principal est une société d’économie mixte (SEM) rassemblant notamment la région et le département de l’île de l’océan Indien. Pour affronter la crise liée au Covid, la compagnie a été largement soutenue, via des prêts garantis par l’État et un prêt direct. «Cela représente 100 millions d’euros d’aide de trésorerie pour traverser cette crise», a souligné Olivier Dussopt. Ce qui n’a pas été suffisant. «Si c’est un ministre de Bercy qui parle, c’est qu’Air Austral se trouve au Ciri (le comité interministériel de restructuration industrielle, qui traite au ministère de l’Économie des entreprises en difficulté financières, NDLR) et qu’il faut trouver une solution rapidement», explique un connaisseur du dossier. Contactées, Air Austral comme Corsair n’ont pas souhaité réagir.
Devant l’Assemblée, le ministre a tenu à préciser que cette option de mariage «aurait le mérite de préserver une identité réunionnaise et l’implantation locale». Las, ce projet de rapprochement a immédiatement suscité une levée de boucliers à La Réunion.
Un rassemblement à l’initiative de l’intersyndicale de la compagnie a rassemblé tous les élus locaux. Huguette Bello, présidente de la région, y a expliqué qu’elle ne voulait pas d’une fusion forcée. «Nous sommes déterminés, élus de tout bord, pour préserver les emplois, 900 emplois directs et plus de 3000 générés par cette compagnie, a-t-elle détaillé. Compte tenu du taux de chômage du territoire, il est nécessaire que Bercy nous entende.» L’amélioration de la performance économique de la future éventuelle compagnie fusionnée passerait inévitablement par des économies de coûts. Les salariés d’Air Austral craignent de concentrer tous les efforts.
Le gouvernement est conscient que le sujet est crucial pour le territoire. Olivier Dussopt a bien précisé que cette opération doit s’effectuer «avec les autres actionnaires et dans le cadre des règlements européens».
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